Désaveu - On s'attendait, au début de l'année scolaire et pour la première fois depuis au moins dix années, à un exercice pédagogique sans contestation. Avec l'arrivée du nouveau ministre de l'éducation nationale, Abdellatif Baba Ahmed, qui s'était engagé à «consolider le dialogue avec les syndicats du secteur sur toutes les questions», on s'attendait au retour de la sérénité dans un secteur constamment secoué par des mouvements de débrayage ces dernières années. En fait, l'accalmie qui a caractérisé le premier trimestre n'a, hélas, pas duré longtemps. Les syndicats autonomes sont vite remontés au créneau, revendiquant la hausse des primes de zone pour les enseignants exerçant dans les régions du sud du pays, la modification du système de promotion...etc. Tout comme le secteur de la santé, les syndicats de l'éducation nationale ont opté, cette fois-ci, pour la «solidarité», en paralysant les écoles régulièrement, trois jours par semaine. Et cette situation dure depuis un peu plus de six semaines. Dans ce cadre, une large campagne de médiatisation est également adoptée par ces syndicats qui publient, chaque semaine, de nouveaux communiqués concernant le suivi de la grève. Il reste que les principales victimes de cette grève illimitée sont les centaines de milliers d'élèves candidats aux examens de fin de cycles moyen et secondaire Déjà soumis à l'anxiété et à la pression, cette instabilité risque de porter à ces candidats un lourd préjudice. En effet, certains candidats au baccalauréat, interrogés sur le sujet à Alger, ont affiché leur pessimisme quant à leurs chances de réussite. «Nous sommes perturbés et soumis à une pression terrible. C'est en cette période que nous devrions avoir des séances de révisions et d'exercices d'application pour mieux appréhender les épreuves du baccalauréat, mais malheureusement on est privé de cette prestation», regrettent-ils, à l'unanimité. «On ne fait que résoudre les exercices publiés par certains journaux en guise de révision, mais cela augmente notre anxiété, car il n'y pas mieux que la présence et l'explication de l'enseignant», ajoutent nos interlocuteurs. «Que ces enseignants, qui ne cessent de revendiquer plus d'argent, mettent fin à leur grève pour ne pas compromettre l'avenir de nos enfants. C'est trop, vraiment trop ! Le fait qu'ils aient choisi cette période pour observer un débrayage renseigne sur leur mauvaise foi. Qu'ils attendent la fin de l'année pour négocier avec le ministère, sinon ils n'ont qu'à changer de métier», réagissent, avec colère, certains parents d'élèves qui n'ont pas hésité à qualifier la grève de «complot contre les élèves». D'autres citoyens affirment que les enseignants ne devraient pas abuser de leur droit à la grève, sachant qu'ils exposent l'avenir de centaines de milliers d'enfants au danger. «Et ce sont les enfants de simples citoyens qui en sont victimes. Les riches envoient leurs enfants dans des écoles privées de même que ces enseignants peuvent se permettre de payer des cours de soutien, à leurs enfants, dans des écoles privées. Ces enseignants abandonnent l'école publique pour aller donner des cours particuliers», rouspètent nos interlocuteurs. Ce qui reste, tout de même, étonnant depuis plusieurs semaines que dure cette perturbation, est le silence des associations des parents d'élèves qui se sont contentées de quelques «apparitions» médiatique au début et puis «se sont éclipsées», à un moment où l'avenir de leur progéniture est plus que jamais menacé...