Résumé de la 118e partie - Christiane, craignant que son mari ait été emporté par un cancer, demande à Marcelle si ce mal n'est pas contagieux... «Denys n'a pas été mis au courant : j'ai toujours évité de lui parler de mon mari dont le seul nom lui est désagréable. » — «Les hommes sont parfois injustes dans leur égoïsme inconscient. On ne se comprend vraiment qu'entre femmes, presque à demi-mot... Le secret de cette conversation restera entre nous deux comme celui de la radio que je vais vous faire passer dès que vous serez debout. Croyez bien que je n'agirai que dans votre intérêt, ma petite Christiane... Pour moi, qui ne suis qu'une vieille fille, vous êtes mon rayon de soleil !» Elle s'est complue dans cette idée de secret parce que rien ne l'ennuyait plus que d'être soignée par son amant. Je la comprends : je suis comme elle ! J'aurais préféré disparaître à jamais de la vie de Denys plutôt que le consulter ! Même si j'avais eu confiance en lui je ne l'aurais pas fait ! Une vraie femme n'aime pas se montrer malade devant son amant... C'est humain. L'amant ne doit connaître que le beau côté, il ne faut pas le décevoir et surtout pas l'apitoyer ! Christiane réserve à Denys son corps pour le plaisir et sa gaieté pour les autres heures... Tandis que moi je suis toute désignée pour être la confidente des ennuis. Une infirmière, c'est commode : les douleurs, les misères physiques sont pour elle. Aussi je sais qu'elle viendra se faire radiographier dès qu'elle le pourra. Je n'ai plus qu'à attendre cette petite que j'aime d'aussi étrange façon ! Une fois encore la psychologie implacable de Marcelle avait vu juste. Cinq jours plus tard, profitant d'un après-midi où j'avais dû me rendre au Mans, Christiane vint se faire radiographier : je sus plus tard qu'elle avait conduit elle-même sa voiture, suivant en cela les conseils de Marcelle, pour qu'aucune indiscrétion ne pût être commise ensuite par le chauffeur. Marcelle Davois prévoyait tout dans les moindres détails. Comment je sais que l'abominable séance de radio eut lieu ? Par ces quelques mots écrits par mon assistante, sur son journal, à la date du 2 novembre : «Elle est venue... Sans même s'en douter, elle a choisi le jour anniversaire de mon arrivée un an plus tôt... Quand elle est repartie pour le château une heure plus tard, elle n'était plus la même... Elle m'a rappelé Mme Boitard après son examen radioscopique... C'est fou comme la peur du mal inguérissable transforme les individus en véritables loques ! Charmante Christiane ! Il a fallu que je l'aide à remonter dans sa voiture et que je promette d'aller lui rendre visite dès le lendemain. J'ai promis d'autant plus facilement que je lui réservais une sérieuse surprise... Marcelle n'a pas éprouvé le besoin d'en écrire plus sous cette date du 2 novembre. Pourquoi aurait-elle perdu son temps à raconter une deuxième fois le mécanisme mortel de la séance radioscopique qu'elle avait si bien mise au point avec Mme Boitard ? (A suivre...)