Constat ■ Le chantage et les menaces étaient les maîtres mots tout au long des quatre semaines de débrayage du corps enseignant. La sonnette d'alarme solitaire et isolée de certaines associations n'a pas eu l'effet escompté en cette conjoncture préélectorale où tous les regards sont fixés sur la présidentielle d'avril prochain. Pourtant, le département de Baba Ahmed n'aurait fait que gagner plus de crédit s'il avait sollicité à la table des négociations un peu plus tôt les acteurs impliqués dans ce débrayage illimité. En rejetant la balle à la Fonction publique, il a compliqué une situation déjà électrique avec des pertes qui se chiffrent par milliards de dinars. Les enseignants, eux, n'auraient rien perdu non plus s'ils avaient laissé de côté les revendications accessoires pour se concentrer sur l'essentiel en arrêtant d'autres formes de lutte. On aurait tant aimé voir l'enseignant tenter de trouver les réponses appropriées à ses revendications sociales à travers son syndicat sans faire des enfants des boucs émissaires. La situation a atteint le pourrissement dont les seules victimes restent les élèves qui devront sacrifier leur samedi, leur mardi après-midi et peut-être même leurs vacances scolaires du printemps pour rattraper un retard de plus de 150 séances du programme scolaire. Il s'agit de pas moins de 80 cours, selon certains enseignants. A ce stade, il est difficile de dissimuler l'échec des différentes réformes engagées jusque-là dont aucune n'a réussi l'exploit de pousser vers l'avant le niveau d'instruction en Algérie. La gestion de l'école continue à se distinguer par l'improvisation, l'absence criante d'un savoir-faire et l'incompétence de certains enseignants qui, de surcroît, refusent d'entendre parler de tous processus de recyclage. Le temps du populisme qui fait de l'enseignant un prophète (kada lmouâlimou an yakouna rassoulan) est révolu. Il est appelé à incarner la pédagogie et le savoir. C'est à lui de réclamer une formation continue, une manière de dire qu'il a, lui aussi, besoin d'apprendre ! La tutelle, de son côté, est plus que jamais interpellée pour remettre de l'ordre dans un secteur aussi sensible que l'éducation. Mais avant, elle doit s'armer d'une volonté inébranlable pour impulser une dynamique de réforme sérieuse afin de faire de notre école un lieu de savoir et de recherche. Et c'est à elle également qu'il incombe de mettre un terme à l'instrumentalisation de l'école par certaines parties. Une réalité confirmée et reconnue par le premier responsable du secteur lui-même. Baba Ahmed l'a en effet ouvertement affirmé dans une intervention récente. «La grève est un mouvement politisé à cause de la conjoncture actuelle. Les analyses ont démontré qu'il y a de très fortes chances pour que cela soit un mouvement qui a été politisé à cause de la présidentielle du 17 avril 2014», a-t-il soutenu. Le ministre a, par ailleurs, expliqué que les difficultés auxquelles est confronté le secteur, sont le fait du nombre important de syndicats qui activent dans l'éducation nationale. «Nous avons dix syndicats, dont les avis sont difficiles à concilier. Ce qui fait que le dialogue prend énormément de temps », a-t-il dit.