Les accidents de la circulation sont devenus de plus en plus dramatiques par la violence du choc et le nombre important de victimes qu'ils occasionnent. Les semi-remorques sont souvent pointés du doigt et de nombreux usagers se demandent pourquoi des outils, comme le chronotachygraphe pour dissuader ces chauffeurs peu soucieux de la vie des autres, ne sont toujours pas opérationnels ? On en parle depuis des lustres. Des engagements ont été pris. En vain. Pourtant les chiffres sont là pour l'attester, les poids lourds sont impliqués dans pas moins de 1 435 de ces drames. Ces chauffards tuent tous les jours ! La liste des morts s'allonge. Vingt six personnes ont trouvé la mort et 170 autres ont été blessées dans 66 accidents, survenus durant la période allant du 22 au 23 mai à travers tout le territoire national, selon la Gendarmerie nationale. 118 autres personnes ont trouvé la mort et 4 911 autres ont été blessées dans 4 189 accidents de la circulation durant le premier trimestre de l'année 2014, selon un bilan de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). L'accident le plus grave a été enregistré vendredi dernier sur la RN6, reliant Mecheria à Naâma, occasionnant le décès de 8 passagers et des blessures à 27 autres personnes, quand un véhicule lèger a percuté de plein fouet un autocar de transport collectif de voyageurs. En mars dernier, trois personnes ont trouvé la mort et 32 autres ont été blessées, dans le dérapage d'un bus de transport de voyageurs, survenu sur l'autoroute Est-Ouest, au niveau de Boufarik (Blida). Le bus, assurait la desserte Laghouat – Alger. Les poids lourds sont impliqués dans près de 20% de l'hécatombe. Les camions ont été, à maintes reprises, la cause d'accidents mortels. La semaine écoulée, trois collégiens ont été fauchés devant le CEM Ibn Khaldoun, dans la cité Bouali. L'incident a été provoqué par le dérapage d'un camion qui s'est ensuite renversé près de l'école. Mercredi dernier, trois jeunes stagiaires ont été tuées et deux autres blessées par un semi-remorque qui a percuté la salle de classe d'une annexe d'un centre de formation professionnelle dans la commune de Soumaa (M'sila). La folie meurtrière continue et s'empare des chauffeurs de poids lourds et transports de voyageurs. N'est-il pas vraiment temps d'en finir avec les constats et de passer à l'acte et appliquer tout ce qui avait été annoncé dans ce cadre ? Cela fait plus de dix ans qu'on évoque la nécessité d'équiper les poids lourds et les véhicules de transpors en commun de chronotachygraphes. Cet équipement a une vocation dissuasive car jouant le rôle de boîte noire qui renseigne sur le comportement du conducteur pendant tout son trajet : temps de conduite, de repos et vitesse. Annoncée depuis plusieurs années la mise en application du texte de loi le rendant obligatoire sur les véhicules marchands et de transports de personnes, n'arrive toujours pas. On en parle et reparle depuis la loi de 2001, relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière, qui stipule que «les chronotachygraphes s'appliquent à tous les véhicules marchands de plus de 3,5 tonnes et aux transports de personnes de plus de 15 places». Rien de cela ne s'est traduit sur le terrain. En août 2013, Amar Tou, alors ministre des Transports, avait été pourtant catégorique. «Le décret exécutif relatif au chronotachygraphe qui permet de déterminer la vitesse et les horaires de conduite et de repos des autobus, sera soumis au Gouvernement pour adoption dès que la Loi de finances complémentaire 2013 est adoptée», avait précisé le ministre. Ce ne fut jamais le cas. C'est encore reporté. Ce cycle, annonce puis report, s'est répété plusieurs fois. Dernier en date : en décembre dernier, à l'occasion des assises sur le Transport, le ministre Amar Ghoul a annoncé que le chronotachygraphe allait être effectivement obligatoire en février (2014). Nous sommes en mai. Cinq mois après, il faut se rendre à l'évidence : les chronotachygraphes n'ont pas encore fait leur apparition dans nos camions et nos bus. Le département des Transports n'a même pas jugé utile d'expliquer ce énième report. En attendant que le système soit mis en place – le sera-t-il un jour ? – nous continuerons à lire les communiqués bilans de la Gendarmerie nationale ou de la Protection civile. «Un de ces quatre matins l'un d'entre eux vous tuera !» «Que les pouvoirs publics commencent déjà par s'attaquer à la source d'accident la plus meurtrière qu'enregistrent nos routes. Demandez à qui vous voulez, il vous le confirmera que le plus grand danger ce sont les conducteurs de poids lourds.» Des cris d'alerte qui fusent de partout, lancés par des pères et des mères de famille qui prennent la route chaque jour pour se rendre sur leur lieu de travail. «Nous ne sommes jamais sûrs de revenir. Quand vous voyez le comportement de certains de ces conducteurs inconscients, vous vous dites qu'un de ces quatre matins l'un d'entre eux vous tuera», nous livre un habitué de la route. «On se demande bien ce qu'attendent les autorités pour équiper ces engins de la mort de tachygraphes pour dissuader les conducteurs de mettre en danger tout le monde», ajoute-t-il. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 1 435 accidents de la circulation impliquent des poids lourds. Pour Abedelah Laghreib, directeur général de l'établissement national du contrôle technique, qui s'exprimait ce matin à la radio nationale, le facteur humain est souvent à l'origine de ces accidents. «L'élément humain est à l'origine de plus de 95% des accidents de la route», indique-t-il. Pour l'autre aspect mis en cause et qui concerne l'état matériel des véhicules, il indiquera que «nous contrôlons tous les véhicules qui se présentent chez nous. Mais nous ne pouvons pas obliger les gens à se présenter au contrôle technique». Il faut qu'il y ait un minimum de vigilance sur le terrain pour amener ces gens-là à se présenter aux agences de contrôle.