Eventualité Dans un cadre économique différent, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale veut revenir à l?ancien système de retraite. Saisissant au vol le constat alarmant fait par le Cnes à propos des difficultés chroniques de la Caisse nationale de retraite, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a annoncé, lors de son intervention devant les participants à la 24e session de cet organisme de supervision de la politique économique et sociale du gouvernement : «Le départ à la retraite sans condition d?âge sera révisé.» Il a aussi insisté au passage sur la nécessité de «réformer le système de sécurité sociale pour sa sauvegarde», à défaut l?ensemble du «système en place, déjà fragilisé, notamment la Cnas et la CNR, risque de disparaître». Au cas où l?Exécutif passerait à l?action, quel serait le contenu de cette réforme du régime de la protection sociale et de celui des retraites, qui se profile à l?horizon ? Pour certains, cela voudrait dire qu?une fois cette potentielle révision mise en ?uvre, le salarié verrait le retour de l?ancien dispositif qui prévalait avant 1983 et qui lui imposait de travailler jusqu?à l?âge de 65 ans, quel que soit le nombre d?années d?activité cumulées. En disséquant les comptes du système actuel, le ministre a mis en avant les dépenses engagées par la CNR au titre des 200 000 salariés qui sont retraités à la faveur du dispositif de 1998 et qui se sont élevées à pas moins de 74 milliards de dinars. Ce déséquilibre des comptes de la caisse des retraites est dû, selon le responsable du secteur, au fait que cette dernière est «affectée par le système de sécurité sociale» dans son ensemble. Selon lui, les dépenses effectuées par la caisse dans le cadre justement de la sécurité sociale sont passées de 173 milliards de dinars en 1999 à 271,5 milliards de dinars en 2003, soit une augmentation de 57%. Dans le même temps, les cotisations des adhérents à la caisse n?ont connu qu?un accroissement de 12,9% passant de 249,1 milliards à 281,43 milliards de dinars. Il y a aussi, selon M. Louh, les 188 000 entreprises du secteur privé qui n?ont déclaré à la Cnas, durant cette période, que 612 000 personnes avec tout le manque à gagner qu?on devine aisément pour cette dernière. A titre d?illustration, pour ne pas dire d?anecdote, le ministre a rappelé les 10 milliards de dinars que la Caisse nationale d?assurance chômage (Cnac) a accordés à la CNR, sous forme de crédit et qui, s?ils étaient remboursés dans le contexte actuel, «conduiraient au déficit» de la caisse des retraités algériens. Autrement dit, dans un contexte économique et social différent de celui qui a prévalu dans l?ancien système de retraite et surtout profondément précaire pour des pans entiers de la population algérienne, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale semble préparer le terrain à une profonde refonte pas seulement de la CNR, mais de l?ensemble du dispositif de la sécurité sociale du pays. Un retour au passé qui, pour beaucoup de connaisseurs du secteur, risque de ne pas se faire sans douleur, car les velléités de remettre en cause, autant que faire se peut, les dispositions relatives à la protection sociale des citoyens les plus démunis sont d?ores et déjà manifestes. Tout le problème pour les tenants de cette remise en cause de ce qui était appelé jusqu?à présent les «acquis» antérieurs serait de trouver la manière de la faire passer sans fracas et les arguments pour convaincre les partenaires sociaux.