Désagréments Une quarantaine parmi les soixante salles que compte la ville sont hors normes. «Haï Khemisti risque de se transformer en Pigalle si rien n?est fait pour mettre un terme à certaines salles des fêtes qui attirent, comme un vol de mouches sur une bouse, des fêtards très bruyants et soûls, un rituel qui se répète chaque soir et qui dure jusqu?aux premières lueurs de l?aube», lancent amèrement des habitants de cette bourgade située à cinq minutes de la ville. Cette sentence tranche nettement avec l?état d?esprit qui prévaut généralement à Oran. Elle renseigne sur l?étendue du marasme qui affecte particulièrement depuis plusieurs mois la population de cette cité, à mi-chemin entre Es-Seddikia et Canastel. Malgré les diverses plaintes adressées aux responsables concernés à l?effet de mettre un terme à l?exploitation des salles de fêtes non conformes et en dépit de l?opposition de la population de Haï Khemisti «le propriétaire nous menace de nous jeter en prison si nous osons nous adresser à qui de droit», s?alarment des citoyens au bout du rouleau. Oran, une ville de deux millions d?habitants, croule littéralement sous le «poids» des salles des fêtes qui ceinturent la ville comme une toile d?araignée. Une quarantaine sur la soixantaine de salles que compte la ville fonctionnent hors normes, c?est-à-dire sans respect du cahier des charges, pourtant rigoureux dans ce domaine. «On ne comprend pas l?attitude des autorités locales qui délivrent à tout bout de champ des autorisations de complaisance à des individus appâtés uniquement par le gain facile et rapide au détriment de paisibles citoyens», clament des habitants qui ont frappé à «toutes les portes». Suivent les récriminations de la population de Haï Khemisti : «La structure qui nous porte préjudice n?est pas insonorisée, ce qui s?ajoute à l?inexistence d?un parking. Ce qui ne gêne nullement les invités, qui garent leurs voitures devant nos habitations. La plupart ne se gênent aucunement pour consommer de l?alcool à même le trottoir, lançant des injures et des obscénités à la cantonade. Nous n?avons plus de vie familiale.» Ainsi, durant la saison estivale, des propriétaires transforment leurs établissements commerciaux en salles des fêtes improvisées, obtenant des autorisations de complaisance alors que ce genre d?activités est assujetti à des normes drastiques pour son exploitation. Outre les nuisances et les désagréments sonores, les riverains doivent supporter le «baroud d?honneur». En effet, éméchés, les fêtards n?hésitent pas à tirer des salves avec des fusils sortis d?on ne sait où... «Toute la nuit, des coups de feu retentissent à nos fenêtres. Ce déluge de feu est aussitôt suivi de pétards lancés par des invités ivres morts. Il poussent le bouchon jusqu?à uriner sur nos murs», affirment, excédés, les habitants de Haï Khemisti. Ces derniers, touchés dans leur amour-propre, n?ont eu de cesse d?attirer l?attention du propriétaire, en vain. «A nos plaintes, ce sont les menaces verbales qui fusent. Et pour corser le tout, le propriétaire ne s?embarrasse guère, exhibant ses amis en tenue militaire pour nous intimider», se plaignent ces citoyens qui en ont gros sur la besace. Poussés à bout, les riverains menacent à leur tour de tenir des sit-in de protestation devant le siège de la daïra «pour que cessent la hogra et l?injustice», avertissent-ils.