L'on raconte qu'aux temps anciens, il était une jeune femme très belle, aussi belle que la lune. Et cette femme, les nuits de pleine lune, se fardait, peignait et parfumait ses longs cheveux, revêtait ses habits les plus riches, se parait de tous ses bijoux et sortait. Pour mieux découvrir le ciel, elle gagnait une hauteur. Et là, elle levait son visage resplendissant vers la lune et lui demandait : — Qui de nous est la belle, Ô lune, qui de nous est la belle ? Et la lune lui répondait : — Toi et moi sommes également belles, mais la fille que tu portes en toi nous passera en beauté. Et la jeune femme se lamentait et maudissait l'enfant qui était dans son sein. Pendant des mois, elle se tourna ainsi vers la lune pour lui demander : — Qui de nous est la belle, Ô lune, qui de nous est la belle ? Et chaque fois la lune répondait : — Toi et moi sommes également belles, mais la fille que tu portes en toi nous passera en beauté. Au terme de sa grossesse, elle mit au monde une fille à la chevelure d'or, une fille aussi belle que la lune en plein ciel. On l'appela Jedjiga : Fleur. Chaque jour augmentait sa beauté. Les voisines disaient à sa mère : — Certes, belle tu l'es. Mais la beauté de ta fille éclipsera la tienne. Et la jeune femme, en entendant ses mots, sentait le poignard de la jalousie la transpercer. Elle se dit dans son cœur : Lorsque cette enfant sera devenue adolescente, nul ne me regardera plus. L'enfant avait huit ans. Elle était pleine de vie et de grâce. Sa mère lui dit un soir : — Demain, nous mettrons sur le métier une grande couverture. Nous irons planter les montants dans la campagne. La voisine nous accompagnera. — Au matin, elle prit deux montants bien solides et une grosse pelote de laine. Elle appela la voisine et toutes deux partirent emmenant la fillette. Elles laissèrent le village loin derrière elles et atteignirent une colline. Elles s'arrêtèrent. La mère dit alors à l'enfant : — Nous allons enfoncer les montants dans la terre. Toi, tu feras courir la laine entre nous. Te voici grande, tu pourras bien tenir la pelote ? La mère savait bien ce qu'elle faisait. La fillette se mit à faire courir la laine. La fillette la chercha vainement dans les ronces et les buissons. Revenir en arrière ?... Elle avait perdu son chemin. Alors elle marcha au hasard sur ses petites jambes. Elle marcha longtemps, elle marcha jusqu'à l'orée de la forêt. C'est alors qu'elle découvrit, à demi-masquée par une épaisse végétation, l'entrée d'une caverne. Elle se fraya un passage et entra. A suivre