Les Algériens croient au destin, lmektub, littéralement «ce qui est écrit», c'est-à-dire les actes, bons ou mauvais, la fortune ou la pauvreté, la durée de la vie. «Lmektub mektub w Imeqsum meqsum, dit le proverbe, w lkhuf wa?âlach ?» (ce qui est écrit est écrit, ce qui est prédestiné est prédestiné, alors pourquoi avoir peur ?). «Elli mektub fi ldjbin ma yemh'i-wah elyeddin», dit un autre proverbe (ce qui est écrit sur les fronts, c'est-à-dire ce qui est prédestiné, les mains ne sauront l'effacer). Ce comportement a fait croire que l'Algérien ? on le dit aussi des musulmans dans l'ensemble ? est profondément fataliste. En fait, il faut plutôt parler d'une foi profonde, d?une soumission à la volonté divine : c'est le tawakkuI, l'abandon à Dieu. D'ailleurs, pour toute action qu'ils entreprennent, les Algériens, qu'ils soient pieux ou non, ont souvent cette formule à la bouche : «NettekIu 'ala Rebbi» (on compte sur Dieu). L'équivalent du français : «L?homme propose et Dieu dispose» existe en kabyle : «Nekkni nets h'ebbir, Rebbi yetsdebbir», littéralement l?homme se fait du souci (pour la réalisation des choses), la décision, c'est Dieu qui la prend ! Abandon à Dieu ne signifie pas abandon à la fatalité puisque, en même temps qu'on se soumet à la volonté divine, on recommande d'?uvrer pour la vie, de penser à l'avenir, de chercher à améliorer sa situation? des actions qui sont loin d'être fatalistes ! «?Awen rruh'ek, Rebbi i'âwnek» (aide-toi, Dieu t'aidera) et le kabyle enseigne, par un autre proverbe, les vertus de l'action et de l'esprit d'entreprise : «Je bénirai ta canne (pour qu'elle fasse des miracles) mais pour l'utiliser (comme arme) il faut la faire tournoyer !» Autrement dit, il ne faut pas compter sur la seule Providence pour se sortir des mauvais pas. Voilà qui établit l'équilibre entre la croyance en la destinée et la nécessité de l'action.