Les bouquets de narcisses jaunes à la main, symbole du printemps pour les Cherchelllois, une immense foule de Cherchellois, dont un grand nombre de femmes et d'enfants, ont assisté à l'enterrement de la romancière. Avec des youyou, les unes chantaient en une seule voix Mine djibalina pour rendre un dernier hommage à leur amie, proche ou voisine Assia. D'autres récitaient le Coran. Pour sa part, l'artiste peintre dit «Nizar El Kebani» Abderrahmane Bekhti se dit triste de cette perte pour l'Algérie. «Nous avons grandi avec Assia Djebar à travers les manuels scolaires en langues arabe et française comme ‘'Les alouettes naïves'' et ‘'Les Enfants du nouveau monde''. Nous l'avions connue, comme Mouloud Feraoun à l'époque. Assia Djebar est un honneur pour les Arabes et les Algériens. Elle restera universelle pour toujours». Une dame en pleurs nous dira : «En partant, Assia nous a offert des cadeaux. Elle nous a permis d'avoir une place. Elle a toujours œuvré à la dignité des Algériens et des Algériennes. Cette icone n'est pas morte pour nous. Assia c'est l'œuvre immortelle.» Une moudjahida se dit fière de la fille de sa ville et s'est contentée d'offrir des youyous devant la tombe de la regrettée. «Aujourd'hui c'est une 2e fête de l'indépendance pour la femme algérienne et arabe par l'une des braves femmes algériennes comme Assia. Nous combattions avec les armes et elle avec son savoir». L'archéologue Abdelkader Bensalah, un voisin de la romancière nous a exprimé sa tristesse de la perte de cette dame qui s'était imposée à travers ses œuvres et avait dévoilé la femme du mont Chenoua et de toute la région. «Je souhaite que ses œuvres soient connues dans les établissements scolaires, comme Mouloud Feraoun et d'autres. Elle a fait connaître la martyre Zoulikha Oudaï à l'échelle mondiale via son roman Femme sans sépulture». Pour l'ex-ministre, Kamel Bouchama, c'est une perte qui a attristé le monde de l'écriture. «C'est une femme qui a été reconnue d'abord hors de son pays avant d'être connue ici. Assia Djebar a écrit. Elle a fait de grands efforts pour la culture en général. Elle ne mourra jamais car elle a produit», a-t-il déclaré à la presse. De son côté, cheikh Ahmed Foudil nous a indiqué au nom des écrivains de Tipasa que cette dame aimait la langue arabe et son pays, «elle nous a laissé un patrimoine extraordinaire pour nos générations qui devraient marcher dans la même lignée pour notre pays».