Directive n Ce n'est pas parce que c'est l'été que les restaurateurs s'abstiennent de servir des «sandwichs» ou des plats avec de la harissa et de la mayonnaise aux clients. Pourtant, une note du président de l'Assemblée populaire communale de La Casbah interdit de servir ces deux ingrédients. En effet, les fast-foods de la place des Martyrs relevant de la commune de La Casbah n'ont pas le droit de servir de la harissa et de la mayonnaise dans les plats qu'ils vendent. Dans une gargote, en face de l'arrêt de bus menant de la place des Martyrs vers Ben Aknoun, la note est en plus affichée sur le présentoir de cette boutique. Les clients ne protestent pas et le patron ne trouve aucun problème, du moment que ça ne les fait pas fuir. «Finalement, c'est une question d'habitude», commente un client habitué du coin. La plupart des personnes que nous avons rencontrées trouvent la mesure rationnelle et protectrice pour les citoyens. «On ne peut savoir d'où peut surgir une intoxication alimentaire avec cette chaleur suffocante», nous déclare un trentenaire. Les gens mordent dans leur sandwich sans avoir l'air de regretter l'absence de mayonnaise et de harissa, généralement inséparables d'un «frites omelette» dans ce genre d'endroit. A noter que cette mesure d'interdiction n'est applicable que pour l'été. Mais paradoxe criant : le «fast-food» se situe juste à côté d'une station de bus pleine de poussière et de gaz polluant l'atmosphère et par voie de conséquence toute consommation en plein air. Ailleurs, à travers Alger, même dans cette période de chaleur exceptionnelle, la harissa et la mayonnaise sont largement utilisées et consommées sans même respecter les règles de la conservation alimentaire, les clients ne cherchant pas à comprendre, consommant aveuglément. Il faut quand même rappeler, en effet, que si la harissa et la mayonnaise sont devenues des produits de première nécessité pour les consommateurs de la restauration rapide, il n'en demeure pas moins qu'elles constituent une sérieuse source d'intoxication alimentaire. Depuis plusieurs années, la restauration à Alger n'est soumise à aucune règle d'hygiène malgré l'arsenal juridique et réglementaire en la matière. Les pouvoirs publics restent passifs alors qu'un «plan Marshall» pour réprimer ce commerce qui devient un danger sur la santé publique ne serait pas de trop. Par ailleurs, ni les pouvoirs publics ni la société civile ne font preuve d'une volonté sérieuse de lutter contre ces pratiques, menaçant la santé des citoyens.