Mafia - Un matériel médical défaillant parce que non conforme, voire contrefait, est souvent à l'origine de mauvais diagnostics dont les conséquences peuvent être fatales au patient … On ne compte plus les cas de décès par cause de mauvais diagnostic. Parallèlement à ce constat, des réseaux criminels spécialisés dans la fourniture de matériel et d'équipements médicaux de mauvaise qualité, voire tout bonnement contrefaits, ont vu le jour, usant de toutes sortes de subterfuges pour tromper la vigilance des responsables d'hôpitaux et de CHU. Quand ces derniers ne sont tout simplement pas complices ! Tous avons en mémoire cette scandaleuse affaire qui avait secoué l'actualité en début d'année à Annaba. Les enquêteurs de la Gendarmerie nationale avaient alors saisi d'importants lots de matériel et équipements médicaux et chirurgicaux, alors que six individus avaient été arrêtés. Il s'agissait de matériel contrefait qui était distribué le plus normalement et «légalement» du monde à des structures de santé dans plusieurs régions de l'est et du centre du pays. Les ramifications dudit réseau s'étendaient dans plus de 10 wilayas, à savoir : Annaba, Guelma, Souk-Ahras, Tébessa, El-Bayadh, M'sila, Blida, Aïn Beïda, Mascara et Laghouat. Figuraient dans le lot des équipements saisis : des stéthoscopes, des appareils de radiologie, des tables d'opération ophtalmologiques, des appareils d'anesthésie, des défibrillateurs cardiaques, ainsi que des électrocardiographes. L'exploitation des données par les experts de la Gendarmerie nationale avait révélé que de 2008 à 2014, pas moins de 40 opérations d'importation avaient été effectuées par ces escrocs, dont 17 à partir de la Chine. Ces derniers répondaient à tous les avis d'appel d'offres. Mais les enquêteurs n'avaient, cependant, pas écarté l'implication de certains responsables d'hôpitaux et de CHU, du fait que ces escrocs opéraient en toute quiétude. Un crime bien rodé qui aura selon des sources proches du dossier généré plusieurs dizaines de milliards. Hier dimanche, alors qu'il était en déplacement dans l'est du pays, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a dénoncé, à Constantine, la «complicité» de gestionnaires de la santé dans l'acquisition d'équipements médicaux «dépassés». La «connivence de certains gestionnaires (de la santé) qui imposent des marques» lors du choix des équipements médicaux a engendré des «catastrophes dans nos hôpitaux», a critiqué le ministre au cours d'un point de presse organisé au second jour des travaux de la rencontre régionale d'évaluation du secteur tenue au siège de la wilaya. Citant le cas des wilayas d'Annaba et de Batna, où des équipements «non conformes» ont été acquis au prix fort, M. Boudiaf a fait part de son «refus» de voir des malades «pris pour des cobayes» par des marques d'équipements médicaux dépassés.