Les enquêteurs de la Gendarmerie nationale viennent de saisir d'importants lots de matériels et équipements médicaux et chirurgicaux, alors que six individus sont placés sous contrôle judiciaire. Cette opération intervient après des investigations menées à partir de la wilaya d'Annaba où l'importateur principal est domicilié. Selon des éléments de l'enquête, les saisies concernent des moniteurs de surveillance, des tables d'opération électriques, des ECG à 3 pistes avec interprétation, des défibrillateurs cardiaques, des respirateurs de transport, des électrocardiographes, des moniteurs de surveillances à 7 paramètres, des échographes couleur, des respirateurs de réanimation, des tables d'accouchement mécaniques, des aspirateurs de chirurgie mobile, des stéthoscopes, des appareils de radiologie, des tables d'opération mécaniques, des tables d'opérations ophtalmologiques, des appareils d'anesthésie avec tuyauterie pour enfants et des appareils de gazométrie. Les extensions de compétences ont permis de remonter aux ramifications dudit réseau dans 10 wilayas du pays, à savoir Annaba, Guelma, Souk-Ahras, Tébessa, El-Bayadh, M'sila, Blida, Aïn Beïda, Mascara et Laghouat. Le matériel, importé de Chine et étiqueté "Made in UE", "Made in Japon" ou "Made in Germany", était écoulé avec de faux certificats de conformité. Lors d'une perquisition de locaux à Annaba, des documents attestant l'usage de faux et l'arnaque sur l'origine du pays producteur ont été établis par les enquêteurs. Et pour éloigner tous les doutes, les enquêteurs ont envoyé ces documents à l'Institut national de criminologie et de criminalistique (INCC-GN) de Bouchaoui qui, après analyses, a établi la preuve recherchée pour pousser les investigations. Les preuves s'accumulent et les gendarmes découvrent, après l'exploitation de 8 unités centrales saisies sur des PC de bureaux, que ces individus avaient déjà enregistré de fausses données pour tromper la vigilance des responsables d'hôpitaux et de CHU. Mieux, lors de leur mise en examen, il a été établi que ces importateurs sont également domiciliés à Constantine, où ils possèdent deux sièges dédiés à l'importation, et un autre à Kouba (Alger) pour la vente en détail. L'exploitation des données révèle que de 2008 à 2014, pas moins de 40 opérations d'importation ont été effectuées par ces escrocs, dont 17 à partir de la Chine. Ces dernières ont été menées via trois entreprises différentes créées entre 2000 et 2007, mais qui appartiennent aux mêmes individus. Ces derniers répondaient à tous les avis d'appel d'offres, sachant que les hôpitaux et les CHU ne possèdent pas d'experts qui pourraient identifier l'origine de ce matériel. Généralement, ils se fient aux documents présentés par le soumissionnaire. Au détriment des malades et de la véracité des diagnostics, ces escrocs tissaient alors des liens avec des partenaires pour travailler l'image de marque de leurs sociétés afin de faire écouler le maximum de produits. Lors de l'enquête, des médecins ont avoué s'être trompés de diagnostic à plusieurs reprises sur des malades à cause de cette "quincaillerie médicale" importée de Chine. Les enquêteurs n'écartent pas, cependant, l'implication de certains responsables d'hôpitaux et de CHU, du fait que ces escrocs opéraient en toute quiétude. Selon les premières estimations, cette arnaque s'élèverait à plusieurs dizaines de milliards. F. B.