Rencontre n Des experts ont tiré, hier dimanche à Alger, la sonnette d'alarme quant au recul continu des prix du pétrole… Pour ces derniers qui intervenaient à l'issue d'une table ronde sur le thème «du défi de la résilience à l'exigence de l'émergence de l'économie algérienne», organisée par le Conseil national économique et social (Cnes), cela peut durer plusieurs années. Et ils n'ont pas manqué d'appeler à des mesures urgentes pour minimiser l'impact négatif qui en découlerait sur notre économie qui dépend exclusivement de cette rente. Ce lundi matin, c'est l'ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, qui revenait sur le sujet sur la chaîne I II de la Radio nationale. Il relève que c'est l'augmentation constante de la consommation intérieure en produits énergétiques qui pose problème. «Celle-ci, souligne-t-il, est en train d'évoluer beaucoup plus rapidement que les capacités de nos réserves d'hydrocarbures». A propos de cette consommation effrénée de carburant, M. Attar la compare à une «catastrophe». «Nous avons, dit-il, importé pour 3,5 milliards de dollars de gasoil à plus d'un dollar le litre revendu en Algérie à sept ou 10 fois moins cher». Pour lui, «il n'existe pas à proprement parler de crise énergétique en Algérie mais une «crise de diversification de l'économie et des opérateurs» qu'il est impératif d'impulser. Refusant d'être taxé de pessimiste, l'ancien PDG de Sonatrach estime que tout ce qui pourrait être découvert et produit dans les années à venir «servirait à peine à couvrir la consommation intérieure» de ces produits. L'alternative est à rechercher, selon lui, dans les énergies renouvelables, mettant toutefois un bémol en notant que l'Algérie a dans ce domaine, pris «beaucoup de retard» «qu'il ne sera jamais rattrapé parce qu'avec la crise les ressources manquent». Hier dimanche, à l'issue de sa prise de parole lors de la réunion organisée par le Cnes, c'est Nadia Chetar de l'université d'Annaba, qui indiquait que la dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière peut être transformée en avantage en développant en aval une industrie de transformation. Il s'agit essentiellement de développer l'industrie pétrochimique où l'Algérie peut se placer facilement dans ce segment grâce à l'existence d'un marché national et mondial importants. Tracer des politiques de changes et des politiques budgétaires pour faire face à la volatilité des taux de change dans les mois à venir, favoriser la création des PME et leurs financement à travers la bancarisation et le recours à l'épargne des Algériens, figurent, par ailleurs, parmi les principales actions préconisées par l'expert, Erve Lauranzi, afin de s'adapter à la situation actuelle qui peut durer encore 4 à 5 ans, selon lui. Parmi les recommandations des experts, celles relatives à la diminution du train de vie de l'Etat et du report de certains projets «sans retour d'investissement» ont fortement marqué cette rencontre.