Tension n Le chef d'Etat sortant, Mahamadou Issoufou, brigue un deuxième quinquennat face à une opposition qui agite le spectre de la fraude après une campagne tendue. Les 25 000 bureaux de vote devaient ouvrir à 08h00 (07h00 GMT) et fermer à 19h00 dans ce pays de 19 millions d'habitants, parmi les pauvres de la planète et sous la menace des groupes djihadistes sahéliens et des islamistes armés de Boko Haram. La présidentielle est couplée à des législatives (un tour à la proportionnelle par région) et les résultats seront annoncés dans les cinq jours suivant le scrutin. Le président Issoufou, 63 ans, surnommé le «lion», annonce une victoire par «un coup K.-O.» dès le premier tour, alors que l'opposition, divisée, a promis de s'unir au second tour. Elle accuse le Président de préparer un «hold-up» électoral. La crainte de troubles post-électoraux a commencé à gagner les esprits. «Si Issoufou gagne au premier tour, c'est qu'il a triché. Dans ce cas là, on va faire la grève et il y aura bagarre», proclame sous couvert de l'anonymat un militant de Hama Amadou, un des favoris du scrutin auquel participent 15 candidats. M. Amadou est incarcéré depuis novembre, accusé de trafic d'enfants dans un dossier de «droit commun», selon le pouvoir, mais «politique», selon le candidat qui espère aller «de la prison à la Présidence». La campagne a été marquée par des échauffourées entre partisans du président et opposants. Elle a été précédée de l'arrestation de personnalités, de l'annonce d'un putsch raté par le pouvoir, et le fichier électoral est contesté. En face, les principaux opposants ont signé un accord prévoyant d'appeler à voter pour celui d'entre eux qui sera le mieux placé au premier tour. «Jamais un président nigérien n'a gagné au premier tour lors d'élections démocratiques», analyse le Dr Amadou Hassane Boubakar, juriste constitutionnaliste. Elu en 2011 lors d'un scrutin organisé par la junte ayant renversé le charismatique Mamadou Tandja (1999-2010), M. Issoufou fait face à trois adversaires principaux : deux anciens Premiers ministres, Seïni Oumarou, de l'ex-parti du président Tandja, et Hama Amadou, ainsi que Mahamane Ousmane, premier président démocratiquement élu (1993-1996). La lutte contre la misère aggravée par les effets du réchauffement climatique est l'un des grands enjeux du scrutin.