Motif n Le départ à la retraite sans condition d'âge est une mesure transitoire qui était destinée à atténuer les effets du Plan d'ajustement structurel (PAS) de 1994 mais qu'il n'est plus possible aujourd'hui de maintenir sous peine de porter préjudice aux équilibres financiers de la Caisse nationale de retraite (CNR). L'Algérie s'était engagée à appliquer le PAS dans le cadre d'un accord signé avec le Fonds monétaire international (FMI) pour le rééchelonnement de sa dette extérieure dont le service avait atteint le taux record de 86% des recettes d'exportations en 1993. L'objectif était également de libérer des postes de travail pour les jeunes arrivants sur le marché du travail. Toutefois, ce dispositif s'est révélé, dans la durée, doublement pénalisant pour la CNR: elle verse des pensions à des travailleurs partis en retraite avant l'âge légal, c'est-à-dire 60 ans, tout en ne continuant plus à percevoir leurs cotisations. Les participants à la dernière tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) ont considéré, dans le souci de préserver et consolider le système national de retraite, que les conditions actuelles ne permettent plus le maintien du dispositif de départ à la retraite sans condition d'âge, institué par l'ordonnance 97-13 du 31 mai 1997. Ils ont admis, à l'unanimité, que le maintien actuel de ce dispositif entraîne «des conséquences dommageables» aussi bien aux équilibres financiers de la CNR qu'à l'outil de production qui enregistre chaque année d'importantes déperditions au niveau de ses ressources humaines, notamment les plus qualifiées «dans un dispositif qui s'est avéré souvent inégalitaire». Selon une étude du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), un grand nombre de postulants à la retraite anticipée pouvaient encore être très utiles à leurs entreprises grâce à leur savoir-faire et leur expérience. Pour les pouvoirs publics, le départ à la retraite sans condition d'âge a favorisé le départ en masse de cadres compétents et d'une main d'œuvre qualifiée des entreprises nationales vers les sociétés étrangères. Les participants ont, de ce fait, exprimé leur totale adhésion à l'abrogation des textes relatifs au départ à la retraite sans condition d'âge. Ces textes donnaient la possibilité aux travailleurs de faire valoir leurs droits à la retraite à l'âge de 50 ans et après 32 années de service cumulées. Un groupe de travail, sous l'égide du gouvernement, doit être chargé de veiller à la mise en œuvre de cette recommandation, afin de sauvegarder les équilibres financiers de la CNR. Dans les faits, l'amendement de l'ordonnance de mai 1997 a toujours constitué une revendication de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR). Réunie fin mai 2016, la Commission exécutive de la FNTR a appelé les pouvoirs publics à trouver les mécanismes adéquats permettant d'amender la loi 83-12 (relative au système de retraite) et l'ordonnance 97-13 afin de trouver des solutions pour augmenter les recettes de la sécurité sociale en général et de la CNR en particulier. F.H. Bonifier le taux des cotisations après 32 ans de service l L'économiste et enseignant à l'université Saad-Dahleb de Blida, Kamel Rezig, a rappelé que le départ à la retraite sans condition d'âge est «une exception qui a fini par devenir une règle». Il s'agit d'une disposition décidée dans le cadre des réformes structurelles imposées par le Fonds monétaire international (FMI) à l'Algérie dans les années 1990, pour atténuer les effets de la crise économique. Ainsi, au lieu de licencier des travailleurs, le recours au départ en retraite sans limitation d'âge avait été adopté, d'où la promulgation de l'ordonnance 97-13. M. Rezig a estimé que cette disposition aurait du être rectifiée après avoir dépassé la crise économique suivie d'une embellie financière, relevant que cette situation a amené les travailleurs à considérer le maintien du départ à la retraite anticipée comme étant un «acquis». Cet économiste a qualifié de «perte pour l'économie nationale» le départ en retraite de plusieurs cadres à 50 ans ou moins, alors qu'à c'est à cet âge qu'ils sont en mesure de donner le meilleur d'eux-mêmes du fait de leur maturité et expérience. M. Rezig a ainsi suggéré d'aller vers une solution à même d'arranger l'ensemble des parties en maintenant le départ à la retraite à l'âge de 60 ans, à condition, a-t-il précisé, que «toutes les cotisations intervenant après 32 ans de service soient bonifiées». Il a expliqué qu'après 32 ans de service, un retraité bénéfice d'une pension de 80%. En bonifiant ses cotisations, sa retraite sera augmentée de 5% c'est-à-dire bonifiée, selon cet expert en économie.