Initiative - Le site représente une facette de notre patrimoine architectural, incarnant, de l'avis des spécialistes, «le génie d'un savoir-faire en perdition». Les Balcons de Ghoufi - ou canyon de Ghoufi ou gorges - sont un site géologique qui se situe dans la wilaya de Batna. Ils se situent à plus d'une centaine de kilomètres au sud de Batna, sur la route de Biskra, en longeant l'oued Ighzar Amlel, non loin de la commune de Ghassira. Les gorges du Ghoufi sont, à l'image des montagnes Rocheuses et du Grand Canyon, composées de roches métamorphiques et sédimentaires, et d'une végétation de type oasis, spécificité unique de cette région. Les Balcons de Ghoufi sont sur leur flancs formés d'un habitat traditionnel berbère en forme «d'escalier» et, sur leurs parois abruptes, par des habitations troglodytiques. Le Berbère des Aurès a fini par intégrer parfaitement et merveilleusement son habitat au site. N'ayant pas cherché à modifier quoi que ce soit, et exploitant au maximum la configuration du terrain en adossant son habitat à la roche, l'Aurésien a donné naissance à une organisation spatiale d'une rare originalité. Faisant partie des ZET (zones d'expansion touristique), le site, qui a été classé au patrimoine national de l'Unesco en 1928 puis reclassé en 2005 non pas en tant que patrimoine archéologique mais comme un classement environnemental, représente une facette de notre patrimoine architectural, incarnant, de l'avis des spécialistes, «le génie d'un savoir-faire en perdition». Et il se trouve que, toujours selon les professionnels du patrimoine, «cette richesse architecturale accrochée aux flancs des canyons, bâtis en gradins, fait face à plusieurs problèmes : le temps passe et emporte avec lui une poutre, un mur, un palmier...». A cela s'ajoute la main de l'homme qui «reste le plus dangereux prédateur pour ce patrimoine».Dans sa thèse, intitulée «L'espace fragmenté de l'habitat des Aurès» (soutenue en 2007 à Genève), et consacrée à l'impact ou l'absence d'une politique sur l'habitat traditionnel, l'architecte et ingénieur-conseil Bachir Agguerabi considère qu'«il va falloir respecter la spécificité de cette construction qui a une dimension berbère, méditerranéenne et africaine». Pour réhabiliter et revaloriser ce lieu chargé d'histoire et aux habitudes socioculturelles à part, les Amis de Medghacen ont signé la naissance du projet CIC (Centre d'interprétation culturel). Ce projet rayonnera sur les Aurès et, plus particulièrement, sur les Balcons de Ghoufi, témoignant de l'identité sociale, culturelle et historique de ses habitants. Le CIC représentera la particularité aurésienne, à savoir cette ancienne société, avec sa langue, ses traditions, son habitat à terrasses, son calendrier agraire, son droit coutumier, son indépendance légendaire, son code d'honneur et de solidarité, son regroupement en «fractions» et en tribus.Pour l'association les Amis de Medghacen, «il ne s'agit pas d'interprétation au sens de traduction ou d'explication, ici, le terme est lié au patrimoine, soit un concept à part inventé par l'Américain Freeman Tilden et désignant un lieu ou une activité annexés à un patrimoine culturel ou naturel, pour donner du sens aux découvertes du visiteur». Cette initiative est soutenue et accompagnée par l'APC de Ghassira ainsi que par plusieurs institutions nationales et internationales : l'Unesco, l'Institut italien, l'Institut français, le ministère de la Culture, la direction de la culture de Batna. Des partenaires financiers majeurs, tels que l'Agence de développement social (ADS) et l'Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem) et même des bureaux d'études privés bénévoles, ont également adhéré à cette initiative.