Résumé de la 3e partie n Après un long séjour en France, Tahar rentre au pays, mourant, sur un fauteuil roulant. La police française a failli l'empêcher d'embarquer... Tahar, aujourd'hui misérable loque humaine, était autrefois un beau jeune homme vigoureux, tel qu'en produisaient alors les montagnes algériennes. Comme beaucoup de jeunes de l'époque, il a quitté l'école très tôt pour travailler et aider son père, paysan pauvre, attaché à une terre qui arrivait à peine à nourrir sa nombreuse famille. Il a gratté la terre avec lui, a été berger puis est allé à la ville où il a exercé plusieurs métiers : cafetier, plongeur, gardien d'hôtel, terrassier... A peine sorti de l'adolescence, on le marie avec une cousine paternelle dont il aura cinq enfants. Il fait des allers-retours entre la ville et le village et puis, un jour, sans avertir personne, il prend le bateau pour Marseille. Il attendra une année avant de donner de ses nouvelles à sa famille, il enverra un peu d'argent pendant quelques années, puis plus rien. On le rechercha, en vain : son père et sa mère finirent par mourir de chagrin. Sa femme, elle, va élever seule ses enfants, des enfants qui grandissent sans connaître leur père. On le croit mort en terre d'exil, mais des émigrés, de retour au village, rapportent qu'il est bien vivant. On apprend qu'il s'est marié avec une Européenne dont il a eu d'autres enfants. On a dit aussi qu'il s'est enrichi, qu'il possède des maisons, des restaurants, des cafés... Ses enfants, devenus adultes, ont alors essayé de retrouver ce père fortuné, mais impossible de mettre la main dessus : Tahar quittait à chaque fois les lieux qu'on leur indiquait. Etait-il aussi riche qu'on le disait ? Pourquoi fuyait-il les siens qui voulaient renouer avec lui ? — En fait, continue Salah, la vérité était ailleurs... L'oncle ne s'est jamais marié en France, il n'a jamais acquis de fortune. Et sa famille, l'ayant découvert, ne l'a plus recherché... — Lui-même, d'après ce que tu viens de dire, n'a jamais cherché à entrer en contact avec elle ! — C'est vrai, mais cela ne veut pas dire qu'il ne voulait pas revoir les siens ! Il avait peur des retrouvailles, des reproches qu'on n'aurait pas manqué de lui faire... Et surtout, surtout, il n'avait rien à leur donner ! Même pas une pension puisque toute sa vie, il a travaillé au noir, il a vécu d'expédients ! — Et cette maladie terrible ? — Elle a été subite... Il n'a consulté qu'une fois la maladie bien installée. C'est lorsqu'il s'est rendu compte qu'il était condamné qu'il a voulu retourner au pays... Mais il y avait toujours cette peur. C'est alors que je l'ai rencontré... Salah ne le connaissait pas, le vieux étant parti bien avant sa naissance. Un jour qu'il était attablé dans un café parisien, un émigré lui a montré Tahar, assis à une autre table. «Cet homme est de ton village», lui a-t-il dit. Il est alors allé vers lui et a découvert qu'il s'agissait de son oncle parti depuis bien longtemps. Pour une fois, Tahar n'a pas essayé de fuir un des siens, il a accepté de le revoir et même de le recevoir chez lui, une chambre misérable dans un meublé. A suivre