Tourments Faire ses courses dans un marché algérien en ce ramadan, particulièrement durant les premières journées, n?est pas une mince affaire. Après les bousculades engendrant stress et bagarres au premier jour du ramadan, le deuxième jour a connu une affluence moins importante dans une ambiance plus sereine. Il faut dire que le samedi, synonyme de reprise du travail pour bon nombre de citoyens, a eu l?effet de diminuer l?affluence dans nos marchés. Ce sont donc les retraités essentiellement qui tôt le matin ont fait la revue des étals, se déplaçant par petits groupes de deux ou trois tout en commentant les prix des différents produits étalés devant leurs yeux. Ils seront rejoints par des ménagères pressées de faire leurs emplettes rapidement afin de se consacrer au ménage avant d?occuper une cuisine qu?elles ne quitteront plus avant le ftour au moins. Toutefois, rapidité ne veut nullement dire précipitation. En excellentes économes, elles font le repérage des prix les plus bas, ce qui les oblige à faire le tour du marché plus d?une fois au point d?en perdre leur compte. Devant les vendeurs, elles n?hésitent pas à commenter les prix affichés assurant que le vendeur peut baisser les prix sans pour autant perdre au change. Elles arguent que le fait d?aider les plus démunis permettra au commerçant de gagner les faveurs de l?Eternel. Ce qui ne fera cependant pas bouger les prix d?un centime. «L?appât du gain est plus fort», dira une vieille dame qui se tient devant le vendeur de légumes au marché «Tnache» de Belcourt, tout en reconnaissant que les produits ont connu une légère baisse même s?ils restent inaccessibles. «Des gens quittent toujours le marché avec un couffin à moitié vide à cause d?une bourse qui n?arrive pas à suivre les désirs de son maître», ajoutera-t-elle. Ainsi, le ramadan reste l?affaire des riches en matière d?alimentation, selon les propos des personnes croisées dans les différents marchés populaires de la capitale. Il est vrai que les prix ont connu une baisse par rapport aux marchés des quartiers huppés de l?aveu des consommateurs initiés. Néanmoins, rares sont ceux qui arrivent à combler leurs désirs. Les moins aisés continueront donc à tourner en rond durant quelques minutes avant de se résigner à dépenser les quelques dizaines de dinars qu?ils tiennent jalousement dans leurs mains. Des gestes qu?ils rééditeront durant tout le mois sacré en tenant une comptabilité rigoureuse.