Ambiance Ramadan à El-Bahia ? Tout se déroule au sein des foyers, au café, dans les mosquées et sur les perrons des immeubles. Les cités des banlieues d'Oran n'échappent pas à leur profil d'immenses «cités dortoirs», même durant le ramadan, mois particulier qui se distingue par l'animation exceptionnelle et les changements qu'il opère dans les habitudes des gens. L'ambiance fébrile qui règne en fin d'après-midi dans ces zones d'habitation tombe au fur et à mesure qu'approche l'heure de l'adhan annonçant la rupture du jeûne. Durant presque une heure, les rues sont désertées. Les gens sont occupés à faire ripaille. Puis, c'est l'heure de la prière des tarawih. Les salles de prière ouvertes dans toutes les cités, tout comme les mosquées des quartiers limitrophes, accueillent un grand nombre de fidèles qui viennent perpétuer une tradition du prophète Mohamed (Qsssl) avant de regagner leur foyer, après avoir fait un détour chez le marchand de zlabia et de chamia du coin. C'est surtout à l'intérieur des foyers que les veillées s'organisent. Après l'inévitable corvée de vaisselle, les femmes s'activent à préparer le thé et le café, autour desquels les membres de la famille, et parfois des invités ? amis, proches ou voisins ? se rassemblent. Ces boissons chaudes sont accompagnées de confiseries, de gâteaux et autres délices que l'on déguste en suivant le programme diffusé sur la chaîne nationale ou en regardant un film loué dans la journée dans une vidéothèque. Ce commerce est très florissant en cette période de ramadan, puisque les familles évitent de suivre les émissions des chaînes satellitaires. On discute, on évoque avec nostalgie les veillées d'antan. On disserte sur les vicissitudes de la vie quotidienne, la cherté des produits de consommation et bien d'autres sujets d'actualité. Les jeunes, pour leur part, se fixent rendez-vous dans les cafés pour s'adonner à d'interminables parties de dominos, entrecoupées de limonades, de thés et de chamia que doit offrir l'équipe perdante à la gagnante. Les jeunes s'attablent dès l'ouverture des cafés. Les retardataires doivent guetter le départ d'un groupe pour s'installer à sa place. L'attente risque d'être longue. Le brouhaha qui règne dans ces lieux publics, le fracas des dominos sur les tables et les cris d'allégresse se poursuivent jusqu'à une heure avancée de la nuit. Certains jeunes se retrouvent sur le perron des bâtiments pour discuter de tout et de rien, tout en grillant cigarette sur cigarette.