Portrait A 20 ans, elle a déjà un petit garçon de 2 ans et quatre ans de prostitution derrière elle. Son histoire est celle d?une jeune fille qui pouvait ressembler à des milliers d?autres, mais auxquelles le destin a réservé un autre sort, celui de la décadence? C?est ainsi qu?on peut résumer la vie de Dalila. Cette charmante brunette, qui paraît plus que son âge, a grandi dans un petit village à l?est du pays qu?elle a quitté en 2000. «J?avais 14 ans quand j?ai commencé à fréquenter mon cousin. Notre aventure s?est terminée par une bêtise : je suis tombée enceinte. Lui, au lieu d?affronter la réalité et corriger son erreur, a préféré quitter le village pour s?installer dans une grande ville. Seule devant ce problème, j?avais peur qu?on découvre la catastrophe, c?est une mort certaine pour ce genre de faute chez nous, j?ai donc, décidé de fuir mon village. Au début, sans la moindre expérience, j?étais un peu partout, à El-Tarf, à Chlef, à Annaba, pour enfin arriver ici», raconte-t-elle. Le mariage, l?amour et une vie de femme, Dalila n?y pense pas, elle ne les désire pas. «La seule chose que je veux faire, c?est économiser suffisamment d?argent pour acheter une maison pour mon petit garçon. Actuellement, je le confie à une femme âgée qui le garde. Je lui rends visite une fois par semaine», ajoute-t-elle. Dalila affirme que partout où elle est allée, il y a une véritable mafia du sexe qui récupère les mineures pour les exploiter sauvagement. «Les gens croient que ce sont seulement les filles adultes qui exercent le plus vieux métier du monde, mais la vérité, c?est que les jeunes mineures qui vendent leurs charmes sont très nombreuses. Elles se taisent parce qu?elles n?ont pas le choix, sinon elles se retrouvent dans des centres d?assistance sociale ou en prison; parfois pire, elles risquent leur vie, parce que les proxénètes n?hésitent pas à liquider physiquement quiconque osera les dénoncer, c?est la vérité ...» conclut-elle. L?histoire de Souad ne diffère pas beaucoup : elle n?avait pas encore terminé ses études secondaires lorsqu?elle est tombée enceinte à la suite d?une aventure amoureuse avec un camarade de classe dans sa ville natale dans l?Ouest algérien. Ayant peur de la réaction de sa famille, dans laquelle le poids des traditions est toujours présent et où l?honneur de la famille «ne se lave que dans le sang», Souad n?avait qu?une seule solution : fuguer, mais pour aller où ? «J?ai pensé aux villes côtières de l?Est algérien. Mais une amie dans la ville d?Oran m?a parlé de cette ville sur la côte algéroise et c?était le début de l?enfer. Une fois dans la ville, d?autres filles majeures et mineures m?ont tout de suite prise en charge durant quelques jours, pour me retrouver au bout d?une semaine dans les bras d?un proxénète sans la moindre pitié», raconte-t-elle. Souad a exercé tous les travaux qu?on puisse imaginer et ça avant 18 ans. «J? ai été danseuse de cabaret, serveuse, chanteuse et, bien sûr, prostituée», explique-t-elle.