Difficile de parler de création artistique sans évoquer la nécessaire existence, pour l?épanouissement de celle-ci, d?une critique et surtout d?un marché de l?art, moteur de toute production. Outre le fait avéré qu?une grande partie de la société n?est pas cultivée, l?autre partie n?est pas initiée au goût de l?art ou de l?esthétique. Rares, en effet, sont ceux qui ont le privilège de savoir apprécier une ?uvre d?art. Ce constat désolant est dû, en grande partie, au malaise social dans lequel vit notre société. Une société déchirée par les rivalités idéologiques, paupérisée par la mauvaise gestion économique et les injustices sociales. Malgré cela, la culture continue de s?exprimer même si cela se fait lentement et de manière épisodique. Il se trouve effectivement que la culture, partie intégrante de la société dont elle est un élément indissociable, a, de tout temps, partout dans le monde, survécu aux vicissitudes du quotidien et a pu faire face aux crises engendrées par les accès politiques et les fractures économiques. L?art existe parce que l?homme existe et tant qu?il y a une activité sociale, il y a, en parallèle, une pratique culturelle, un travail de l?esthétique. Hormis le fait que l?art est le fruit d?une inspiration et d?un talent, c?est aussi une marchandise, un bien que le sujet (l?artiste) produit et met en vente. Considérer l?art comme une marchandise ne signifie nullement l?amoindrir et diminuer de sa valeur esthétique pour le réduire à un objet de consommation. Bien au contraire, inscrire l?art dans un marché et le soumettre aux exigences de l?offre et de la demande, c?est, à coup sûr, le maintenir en vie, le soutenir, tout en encourageant, en finançant et en pérennisant la création. C?est aussi l?ancrer foncièrement dans la conscience sociale, lui permettant ainsi de devenir un acquis collectif, un bien partagé par la collectivité. L?art a besoin effectivement d?argent. Il est, par ailleurs, indispensable qu?un environnement, voire un espace où le sujet peut pleinement se livrer à l?art existe et pour qu?il en existe un, il faut raisonnablement et intellectuellement le soutenir au plan financier. En fait, si le sujet (l?artiste) a besoin d?argent, ce n?est pas pour pour financer son inspiration, mais plutôt pour concrétiser son idée, pratiquer matériellement son art. Le sujet inspiré imagine, conçoit dans son imaginaire l?idée, le modèle qu?il matérialise. Pour cela, il a besoin de matériaux, d?instruments ainsi que de conditions de travail, autant de revendications qui, elles, exigent indéniablement de l?argent. Partout dans le monde, notamment dans les sociétés cultivées et ayant un goût prononcé pour l?art, celui-ci est soutenu, la création est encouragée, donc financée. D?où la création du marché de l?art en le structurant et en le dotant de normes et de lois, l?inscrivant ainsi dans un professionnalisme certain.