L?amiante est une matière cancérigène. Avéré, ce fait n?est plus à débattre. Ce qui reste à l?être, c?est le laxisme des autorités algériennes dans le traitement de cette question, véritable menace pour la santé publique. Dans un sursaut de conscience, 700 écoles seraient peut-être à détruire, ce qui serait une bonne décision, mais a-t-on planifié leur remplacement ? Ce chiffre, rapporté par notre confrère El Khabar qui cite une correspondance officielle du ministère de l?Education à l?intention des directeurs de wilaya, indique l?ampleur du danger que vivent professeurs et écoliers dans des écoles contenant cette matière cancérigène, particulièrement les bâtisses en préfabriqué. La note émise par la tutelle invite les directeurs de wilaya à faciliter la mission d?un comité intersectoriel formé de spécialistes environnementaux et médicaux à inventorier toutes les écoles à travers le territoire national susceptibles de représenter un danger dans ce sens en vue de leur démolition. Les écoles concernées seraient au nombre de 700. Les sites ciblés sont essentiellement des écoles primaires construites pour accueillir provisoirement des élèves en attendant des infrastructures plus importantes qui n?arrivent parfois jamais. Le provisoire aura ainsi duré plus de trente années dans certaines wilayas, dix dans d?autres et est appelé à durer dans d?autres. Rien d?étonnant alors que Chlef soit la plus concernée par ce problème. Elle n?en a cependant pas le monopole. Relizane, Tlemcen, Boumerdès, Alger et Tipasa ne sont pas en reste. Et alors que l?on est encore au stade du «recensement» et de «l?inventaire», des décisions ont déjà été prises sous d?autres cieux pour que l?amiante soit banni des constructions socioéconomiques parce que hautement cancérigène. En Algérie, il aura fallu attendre le début des années 2000 pour que des mesures soient prises sans toutefois toucher l?ensemble des bâtisses contenant de l?amiante. Seule la Coupole du Complexe olympique du 5-Juillet a connu des travaux de désamiantage. Faute de statistiques, l?on ignore l?ampleur exacte des dégâts causés par l?amiante au métabolisme des personnes qui y sont exposées. L?inventaire, qui devra être réalisé par le comité multisectoriel mis en place par le ministère de l?Education, devrait apporter un début de réponse. Toutefois, ne ciblant que les édifices scolaires, l?étude ne pourrait nous informer sur le taux exact de bâtisses qui représentent un réel danger pour la santé du citoyen ni même le nombre de personnes déjà atteintes. En attendant, les professeurs d?école et parents d?élèves attendent que des mesures soient prises pour que soit évitée une catastrophe sanitaire.