Pour célébrer la Journée nationale des handicapés, le 14 mars, la Fédération nationale des handicapés moteurs a organisé, à la médiathèque du 1er-Mai, des activités culturelles (théâtre, exposition de peinture, de couture, récital poétique, chansons), animées par des invalides. Pour la première fois, ces derniers sont montés sur les planches, ont pris le micro, joué différents rôles, ceux qu?on leur donne souvent dans la vie. Ils ont lu leurs poèmes, dit leur douleur, chanté leur mutisme, montré leurs blessures et décrit leurs larmes. Ils ont ri et surtout beaucoup ont pleuré. Ils ont sangloté devant un public bigarré, devant des femmes, des adolescents, des pères de famille? sous les ovations et les youyous des spectateurs qui, pour une fois, ont écouté et vu l?exil, la solitude et la condamnation que subissent les handicapés dans le silence. Ils ont existé le temps d?un jour, d?une danse, d?un éclat de rire? Ces invalides que l?on qualifie aujourd?hui de handicapés, parce qu?ils ne peuvent pas lever un bras ou une jambe, parler facilement, ont montré de quoi ils étaient capables : de la misère naissent les artistes, les vrais. Ceux qui peuvent comprendre, ressentir et se battre pour exister. Déjà c?est un combat d?artiste. Et si nous étions tous handicapés, car incapables de les aimer, aveugles et sourds que nous sommes devant la profondeur, la noblesse et la grandeur de ces êtres exceptionnels auxquels nous ôtons le droit d?exister ?