On la surnomme la capitale du crime, même si c?est une ville qui a enfanté de grands artistes, des chanteurs, des comédiens et des écrivains. Une ville réputée pour sa gaieté, sa jovialité et son exubérance, même durant la décennie noire. Une virée avec la cellule de lutte contre la délinquance dans cette wilaya laisse perplexe. Le constat est triste : d?Oran El-Bahia, il ne reste pas grand-chose. On y vole avec des sabres et des couteaux de boucher, le matin comme le soir. On y tue pour un portable ! Oran, ce n?est pas seulement le raï, les chants et la danse, ce sont aussi la mal vie, la drogue, la prostitution et la misère. Un quotidien insupportable pour la population. Une pauvreté que l?on ne chante jamais, une solitude que l?on ne conte pas. Elle se lit seulement sur les yeux hagards, les sourires tristes et les confidences échangées entre ces milliers de jeunes dés?uvrés qui s?entassent chaque jour dans les salons de thé ou dans les cafétérias de fortune pour raconter leurs problèmes, parler de tout et de rien, se confier. Au centre-ville, l?on parle de chômage, d?errance, de malchance et de larmes. Les associations de proximité se comptent sur les doigts d?une main. «Je me suis retrouvé tout seul à essayer d?aider une jeune fille, une mineure qui se prostituait. Je souhaitais l?aider à reprendre une vie normale. Ici, il n?y a rien, j?ai frappé à toutes les portes», témoigne un fonctionnaire. Les statistiques sont effrayantes : le banditisme prend de l?ampleur, aggravant, de ce fait, la fracture sociale. Oran recense 1,6 million d?habitants et reçoit un million de visiteurs par jour. Ce qui est énorme.