Rêves La galerie d?art Mohamed-Racim abrite une exposition de photographies de l?artiste polonaise Anna Edyta Przybsz, dont le vernissage a eu lieu dimanche. Organisée dans le cadre du Festival culturel européen qui se tient à Alger, l?exposition, intitulée Rêves, est l?expression d?une sensibilité lyrique mêlant douceur et poésie, le tout dans une atmosphère nimbée de mystère. L?artiste photographie des scènes extérieures, capture l?instant, fige le temps, immortalise le vécu ; elle reproduit ce que l??il a vu, mais sans le transposer d?une manière fidèle, identique. Autrement, il y a un travail de transfiguration du réel sans qu?il y ait une transformation radicale, voire une métamorphose de la vie extérieure. Il y a cependant une intervention dans l?imaginaire : le monde que l?artiste saisit, réorganise et nous fait découvrir, est onirique, même si cela apparaît dans des allures fantasmagoriques, dans un irréalisme relevant d?un caractère romantique. La photographie que l?artiste présente au public algérois est, en effet, d?un tempérament romantique où découle une sensualité mélancolique, où elle privilégie le culte du rêve. Le rêve occupe une place prépondérante dans la création artistique de l?artiste qui, dans chaque photographie, raconte une sensibilité, dévoile les tréfonds d?un subconscient dynamique. Le rêve libère l?esprit, il privilégie l?âme : celle-ci nourrit le jeu créatif de Anna Edyta Przybsz qui, dans ses photographies, traite des sujets comme le nu et les paysages, ou encore les intérieurs de maisons de campagne. Ce qui caractérise ces décors, c?est bien l?existence d?une présence fantomatique ; cela nous donne l?impression qu?il s?agit de lieux hantés, habités par des êtres venus de l?au-delà. L?on est d?emblée dans un délire surréaliste qui s?apparente à du «poltergeist», il y a transcendance hallucinante du monde réel, une projection intimiste dans l?autre monde, celui des esprits. En fait, et pour dire vrai, l?on n?est ni dans l?un ni dans l?autre, mais plutôt à mi-chemin, l?on est à la frontière du réel, celle qui s?ouvre sur l?au-delà, une frontière fragile, mouvante et qui se situe entre la lumière et l?ombre, lieu où se cachent nos désirs et se dessinent les contours des mondes imaginaires, possibles. Cela nous permet de percevoir, dans une apparence certes humaine, mais floue, ces présences nues, éthérées, insaisissables, donc dépourvues de matière. À rappeler que l?exposition qui se tient jusqu?à la fin du mois de mai est organisée par les services culturels de l?ambassade de Pologne à Alger en partenariat avec l?Union nationale des arts et de la culture (Unac) et ce, dans la cadre du Festival culturel européen à Alger.