Certains se rappellent, avec nostalgie, un passé pas très lointain où le pharmacien, vêtu de sa blouse blanche immaculée, était un recours précieux, prodiguant des conseils fiables et sûrs. Rassurant, il se souciait principalement de la santé du malade et non pas de l?écoulement de sa marchandise à n?importe quel prix. Aujourd?hui, force est de constater que nombre d?entre eux ont été remplacés par des «vendeurs» ayant acheté des licences. C?est du moins ce qui a été constaté après une tournée dans plusieurs officines de la capitale. Le client, qui se présente dans une pharmacie pour acheter des médicaments, se retrouve souvent devant un vendeur qui, parfois, ne connaît rien dans le domaine des médicaments. «On ne sait plus s?il s?agit d?un pharmacien ou d?un simple commerçant», lance un client à la sortie d?une pharmacie au centre-ville d?Alger. Ce dernier, nostalgique, se rappelle : «Naguère, le conseil du pharmacien était très précieux au point qu?il paraissait, parfois, mieux renseigné qu?un médecin. Aujourd?hui, on se retrouve face à de simples commerçants qui essayent à tout prix d?écouler leur produit sans que ce soit le médicament demandé.» Aussi, plusieurs pharmacies ressemblent de plus en plus à des magasins de cosmétiques. La vitrine est envahie de shampooings, de brosses à dents, de produits amincissants et autres crèmes antirides. On ne voit presque plus le médicament qui se fait «tout petit» devant cette diversité de produits. Pis encore, on n?arrive même plus, parfois, à distinguer entre l?officine et un autre commerce puisque même le vendeur ou le pharmacien omet, souvent, d?enfiler sa blouse blanche. Autre phénomène devenu courant et que plusieurs citoyens relèvent : «C?est devenu presque une règle de voir beaucoup de pharmaciens préférer garder pour eux la petite monnaie.» Certains pharmaciens, en effet, se comportent comme de vrais commerçants. Pour arrondir leur recette, ils omettent souvent de rendre la petite monnaie au client soit en arguant du manque de pièces soit en feignant d?oublier. Ne voulant pas perdre plus de temps, le client s?en va. De toute façon, c?est un fait reconnu que ce métier rapporte. «On peut voir un taxiphone, un boulanger ou un cordonnier, faire faillite, mais jamais un pharmacien», explique un économiste. Il suffit de constater le nombre important d?officines qui ont ouvert ces dernières années. Selon le président du Syndicat national des pharmaciens d?officines (Snapo), il existe actuellement un peu plus de 4 800 pharmacies en Algérie dont près d?un millier dans l?Algérois. Ces chiffres concernent, selon lui, «les seuls pharmaciens diplômés installés à leur propre compte comme cela est exigé par la loi sanitaire». Toujours selon le Snapo, il existe un réseau d?agences appartenant à Endimed, une société possédant un millier d?agences pharmaceutiques à l?échelle nationale, et faisant partie des entreprises privatisables dans le cadre du plan annoncé par le gouvernement.