Dans la banlieue de T., Corinne, trente-deux ans, ne donne plus de ses nouvelles à son compagnon, Arnaud, quarante-trois ans. La chose est banale. Et ce silence dure depuis plus d'un an. Elle a disparu, un beau jour, sans laisser d'adresse. Ce qui est bizarre, c'est que Corinne est handicapée sur le plan moteur et sur le plan cérébral. Ce n'est pas le genre de fille qui semble prête à faire une fugue pour aller vivre un grand amour. Pourtant, c'est tout ce que sait Arnaud : Corinne, découvrant le grand amour, est partie avec un autre homme. En plus de ses difficultés personnelles, elle s'en est allée sans un sou car, avant de disparaître, la généreuse Corinne a signé une procuration qui autorise Arnaud à recevoir les 7 000 francs mensuels que lui verse la Ddass. Arnaud estime qu'elle est partie avec un monsieur qui a les moyens et qui ne veut pas s'abaisser à recueillir la petite pension de sa dulcinée. A présent, Arnaud, vite remis, vit avec Claudine. Mais, depuis le départ de Corinne, tout le monde n'accepte pas la version de la fugue amoureuse, sans doute trop invraisemblable. On interroge, on enquête, on parvient même à faire signer un mandat de perquisition, histoire de vérifier si, en partant, Corinne n'aurait pas laissé par hasard quelque indice sur sa destination, sur sa nouvelle adresse. Très rapidement, les policiers découvrent tout ce qu'ils voulaient savoir. Corinne n'est pas loin, mais son voyage, le dernier, n'a pas dû s'effectuer dans la joie. Arnaud lui a serré le cou, puisque l'étouffement est la cause de son décès. Car Corinne est bien morte, depuis plusieurs mois. On découvre son cadavre plié en deux, recroquevillé dans une valise. Et même coulé dans le béton, afin d'éviter des suintements ou des odeurs qui auraient pu gêner ou mettre la puce à l'oreille. Pas loin, d'ailleurs, puisque c'est dans le meuble qui supporte la télévision qu'on retrouve la pauvre Corinne. Ainsi, tous les soirs, au moment de regarder le bon programme, Arnaud et sa nouvelle et discrète compagne Claudine, pouvaient vérifier que Corinne était toujours en place... Claudine, complice de recel, aurait pu se méfier : elle est handicapée, elle aussi.