La nouvelle circule comme une traînée de poudre dans des milieux féminins dans plusieurs pays de la Communauté européenne. De bouche à oreille, il est dit que la région du Hoggar est un gisement d'hommes libres. Les Touareg sont réputés vigoureux, peu exigeants, fidèles amoureux et non corrompus par les temps modernes. Des mecs d'une rare épaisseur humaine… Et toutes ces qualités se perdent chez l'homme moderne. Ces discrètes confidences qui relèvent du renseignement sont prises au sérieux par de nombreuses femmes à la recherche de l'Amour avec un grand « A » dans les bras vigoureux d'un homme bleu à saisir dans cette immensité désertique du Sahara. La jeune Corinne qui travaille dans une agence parisienne de tourisme gère près de 5000 passagers par an aux deux destinations de Tamanrasset et Djanet, à raison de deux vols hebdomadaires. Les débuts de cette entreprise étaient modestes. Mais depuis la béatification du père de Foucault, Tamanrasset devient une destinée de tourisme religieux. Les pèlerins arpentent à pieds la côte de l'Askrem et les amoureux de la nature découvrent « le plus grand musée du monde à ciel ouvert » dans le parc de Djanet. Dans cette masse de touristes, il y a de nombreuses candidates au mariage qui viennent de Hollande, de Suisse, d'Allemagne, de France et surtout de Belgique. Le nombre de ces femmes est significatif pour justifier un regard particulier et une prise en charge adaptée. Corinne se défend d'être une agence matrimoniale déguisée pour le rapt d'innocents Touareg. Elle précise que les candidates au mariage se recrutent majoritairement dans les professions libérales. Courageuses jusqu'à la témérité, elles bravent les tempêtes de sable, les distances et par-dessus tout, elles affrontent avec une certaine audace l'administration pointilleuse de nos consulats pour la délivrance du visa. C'est l'exemple de cette jeune Franco-Japonaise qui a convolé en justes noces avec un Targui. Elle a trouvé son bonheur dans l'austérité de la vie de nomade et transhume désormais entre le Niger et l'Algérie. Son sage mari qui préfère sa vie de nomade ne veut pas quitter son immense paradis. La jeune femme qui a su montrer de réelles qualités d'intégration, partage sa vie entre l'Europe où elle exerce son métier de journaliste et le Sahara où elle vit la sensation de l'absolu et aide son mari dans le commerce des chameaux. Il paraît que l'amour rend fou. Pour ce qui est de la folie, un Targui en a payé la rançon en région parisienne. Depuis son mariage et son « transfert » en France, il lui était interdit par sa femme de quitter le domicile. Il s'est retrouvé séquestré dans un F3. Jalouse, sa belle Joséphine ne pouvait consentir à le laisser libre et livré au danger des regards d'autres femmes… Son beau Targui, elle le voulait sans partage. Jusqu'au jour où des amis sont venus à son secours. Délivré, enfin, il est retourné dans le Hoggar. Celui-là n'est pas prêt à repartir en Europe.