Si beaucoup de gens se fâchent et se boudent, d?autres, une fois la colère passée, cherchent à se réconcilier. On considère même comme une bonne action le fait de chercher à se réconcilier avec un adversaire, d?oublier les haines et les rancunes. «Al-musamah? karim», dit l?adage populaire (Celui qui pardonne est le plus généreux). A l?inverse, le refus de la réconciliation est considéré comme un entêtement. On rapporte, à ce propos, l?histoire édifiante de deux frères qui, s?étant brouillés, ne se parlaient pas depuis de nombreuses années. L?un d?eux tombe malade et, à l?article de la mort, veut se réconcilier avec son frère. Il envoie le chercher mais le frère, rancunier, refuse. «Dites-lui que je pars : ce sera pour lui une honte de me suivre juste après !» L?homme meurt, son frère le suit quelques jours après : leurs tombes se font face, ils se retrouvent ainsi dans la mort ! Le pardon est ttasamuh?, du verbe samah?a qui signifie «pardonner». La langue moderne a donné aussi à ce mot le sens de «tolérance». Pardonner c?est, en effet, faire preuve de tolérance à l?égard des fautes de l?autre ou de ses défauts. A l?inverse, l?intolérance est de mettre à nu les travers et les défauts dans le but d?humilier les autres ou de les faire condamner. Les deux grandes fêtes religieuses, l?Aïd el-fitr, qui suit le ramadan, mois de jeûne, et l?Aïd el-adha, qui célèbre le sacrifice d?Abraham, comportent un rite dit du pardon, au cours duquel les gens se donnent l?accolade. C?est ainsi que l?on se pardonne les fautes et les offenses mutuelles et que l?on oublie les rancunes et les ranc?urs.