Dérobade A la rentrée, la tutelle donne la nette impression de vouloir tourner le dos aux revendications socioprofessionnelles des PES. Les voyants sont au rouge au niveau de l'enseignement secondaire. Et pour tout dire, c'est le feuilleton des cycles de grève qui ont rythmé la vie scolaire de l'année passée, qui risque d'être relancé de plus belle. Pour narguer les pouvoirs publics qui lui font sans cesse des reproches, la Coordination des lycées d'Alger (CLA) a procédé au dépôt d'un dossier d'agrément et promet de boycotter l'année scolaire 2003/2004 tout en appelant à des débrayages cycliques. De son côté, la Coordination autonome des professeurs du secondaire et technique (Cnapest), une autre organisation syndicale qui dit avoir reçu son agrément et qui affirme être présente au niveau national, a montré les mêmes dispositions par rapport au boycott, mais elle se distingue par son appel à une marche sur la présidence de la République pour le 5 octobre prochain. Ces appels ont été lancés par les deux syndicats au mois d?août dernier. Les PES militent depuis des mois pour la revalorisation à 100 % de leur salaire qui oscille entre 10 000 et 14 000 DA, un salaire dérisoire comparé à celui de leurs homologues du Maroc et de Tunisie. En dépit de nombreuses actions revendicatives que les PES ont menées, la tutelle continue à faire la sourde oreille. A la rentrée, elle donne la nette impression de vouloir tourner le dos aux revendications socioprofessionnelles des PES en mettant plutôt l'accent sur la réforme scolaire, brandie comme un trophée. Les PES, chargés de traduire la réforme dans les faits, voient leur horizon social s?assombrir du fait du délitement de leur pouvoir d?achat. Et aucun geste n'est venu, entre-temps, désamorcer la crise. Pis, le ministère de l'Education nationale (MEN) n?a pas daigné régler la question des retenues opérées sur les salaires des enseignants qui ont observé les 30 jours de grève ( durée cumulée des débrayages successifs) durant l?année scolaire écoulée. De leur côté les élèves, qui avaient été obligés de sécher les cours durant toute l?année, s?inquiètent pour leur scolarité. Ce sont eux qui avaient, l?année passée, augmenté d'un cran la pression et incité Boubakeur Benbouzid à réagir quand celui-ci a brandi la menace de recourir à la radiation des enseignants grévistes. Le séisme du 21 mai, qui a ébranlé la région d'Alger, avait, on se rappelle, incité tout le monde à enterrer la hache de guerre. Mais, oubliant le conflit, le MEN a annoncé qu'il allait mettre en place, dès la rentrée, un pôle d'excellence dans des matières telles que la philosophie et les mathématiques pour favoriser les élèves surdoués. Si la mesure est louable à plus d'un titre, il n?en demeure pas moins que la question reste pendante concernant le plus grand nombre de lycéens (ils sont près de 1 100 000), qui rejoindront des classes réputées surchargées et où, certainement, la qualité de l'enseignement va encore en pâtir. Dommage qu?on n?ait pas tiré la leçon. La déconsidération du corps enseignant et les déperditions scolaires sont les deux faces de la même dérive scolaire. Selon le site Internet du MEN (www.meducation.edu.dz), en juillet 2001, près de 130 000 lycéens ont abandonné leurs études. Principales revendications des enseignants - Augmentation de 100 % du salaire de base. - Réduction de l?âge de la retraite à 25 ans d?exercice effectif - Remboursement des retenues opérées sur les salaires. Actions prévues - Boycott de la rentrée scolaire 2003/2004. - Grève cyclique de trois jours renouvelable. - Marche vers la présidence de la République le 5 octobre.