Anarchie n Si en temps normal, le transport est le point noir de ce pays, les défaillances deviennent flagrantes durant le ramadan. Se déplacer à Alger devient un coup de chance. On peut «trouver» rapidement un taxi, tout comme on peut rester sur place pour des heures. Les «taxieurs» n?aiment pas les embouteillages ni les pentes et les hauteurs, semble-t-il. Ils veulent rouler sur du coton ! Le manque de transport devient encore plus angoissant la dernière heure avant la rupture du jeûne. Les taxis évitent les clients, parfois, les policiers les arrêtent de force, s?ensuit alors une négociation. «Ni bus ni taxi, depuis une heure que j?attends pour me rendre chez-moi à El-Biar, rien», explique un jeune dans la station des taxis collectifs d?Audin. L?Etusa avec ses bus reste le moyen de transport le plus utilisé par les Algérois, malheureusement une certaine irrégularité dans les horaires de départ est constatée en ce ramadan, ce qui pousse les usagers à chercher ailleurs. «Les bus sont disponibles le matin, sinon tard après le f'tour. Mais entre 16h et 18 h, ils sont rares», dira un usager. Du côté de la Sntf, la situation est pire. Gare Agha, 15h 30. Des gens attendent sur les bancs, d?autres montent dans un train à quai, il partira à 16 h vers Réghaia. Au fil des minutes, d?autres voyageurs arrivent en masse, c?est la fin de la journée chacun veut rentrer chez-lui. A chacun sa destination. «Il ne veut pas venir, ce train» lance un jeune. Son ami répond : «Dis-moi franchement depuis quelle époque les trains arrivent à l?heure en Algérie ?». Des hochements de tête approbateurs émanent des autres voyageurs. Les minutes passent, l?impatience augmente. «Les cheminots ne travaillent pas», explique un citoyen, qui dit être un habitué des trains. Un cadre du ministère des Finances, usager régulier du train Alger-Boufarik, fera un sombre tableau du transport en général. «Mon constat est le suivant : chez-nous, on est encore très loin des normes, le conducteur du train décide, le chef de service décide. En somme, chacun décide comme il veut. Entre-temps, ce sont les voyageurs qui payent ce retard.» Il est 16h 15, le train de Réghaïa est toujours en stationnement. Une voix dans un haut-parleur lance : «Le train stationné n?a aucune destination !» Les gens sont affolés : «C?est quoi cette mascarade ?» lance un vieux, les autres voyageurs vocifèrent et insultent tous ceux qui portent la casquette. Un cheminot tente de calmer les esprits : «Il y aura un train vers Thénia dans quelques instants.» Il était 16h 30, les gens avaient peur de rater le f'tour, notamment ceux qui habitent loin. Curieusement à l?occasion de ce mois sacré, la direction de la Sntf avait décidé de supprimer la majorité des trains vers Thenia et Blida, les derniers trains de la journée vers ces deux destination sont à 16h 30.