Résumé de la 9e partie n Toutes les tentatives de Bel-Heureux de décider le gouverneur à ordonner des recherches pour retrouver sa bien-aimée restent vaines. Personne ne prend sa requête au sérieux. Alors Bel-Heureux prit congé du gouverneur et rentra désespéré à sa maison, après avoir erré toute la nuit à la recherche de Belle-Heureuse. Aussi, le lendemain fut-il obligé de s'aliter, en proie à une faiblesse extrême et à une fièvre qui ne fit qu'augmenter de jour en jour, à mesure qu'il perdait ce qui lui restait d?espoir au sujet des recherches ordonnées par le gouverneur. Et les médecins consultés répondirent : «Son mal n?a d?autre remède que le retour de son épouse !» Sur ces entrefaites, arriva dans la ville de Koufa un Persan fort versé dans la médecine, l'art des drogues, la science des étoiles et du sable divinatoire. Et le marchand Printemps se hâta de le faire venir auprès de son fils. Alors, le savant persan, après avoir été traité avec les plus grands égards par Printemps, s'approcha de Bel-Heureux et lui dit : «Donne-moi la main !» Et il lui prit la main, lui tâta le pouls pendant un long moment, le regarda avec attention au visage, puis sourit et se tourna vers le marchand Printemps en lui disant : «Le mal de ton fils réside dans son c?ur !» Et Printemps répondit : «Par Allah ! Tu dis vrai, ô médecin !» Le savant continua : «Et ce mal a pour cause la disparition d'une personne aimée. Eh bien ! je vais vous dire, avec l'aide des puissances mystérieuses, l'endroit où se trouve actuellement cette personne !» Et, ayant achevé ces mots, le Persan s'accroupit, tira d'un sac un paquet de sable qu'il défit et étendit devant lui ; puis il plaça au milieu du sable cinq cailloux blancs et trois cailloux noirs, deux baguettes et un ongle de tigre, les disposa sur un plan, puis sur deux plans, puis sur trois plans, les regarda en prononçant quelques mots en langue persane, et dit : «O vous qui m'écoutez, sachez que la personne se trouve en ce moment à Bassra !» Puis il se reprit et dit : «Non ! les trois fleuves que je vois là m'ont trompé. La personne se trouve en ce moment à Damas, dans un grand palais, et dans le même état de langueur que ton fils, ô illustre marchand !» A ces paroles, Printemps s'écria : «Et que nous faut-il faire, ô vénérable médecin ? De grâce, éclaire-nous, et tu n'auras pas à te plaindre de l'avarice de Printemps. Car, par AIlah ! je te donnerai de quoi vivre dans l'opulence durant l'espace de trois vies humaines !» Et le Persan répondit : «Tranquillisez tous deux vos âmes et que vos paupières se rafraîchissent et couvrent vos yeux sans inquiétude ! Car je me charge de réunir les deux jeunes gens, et la chose est encore plus aisée à faire que tu ne te l'imagines !» Puis il ajouta, en s'adressant à Printemps : «Tire de ta poche quatre mille dinars !» Et Printemps défit aussitôt sa ceinture et rangea devant le Persan quatre mille dinars et mille autres dinars. Et le Persan dit : «Maintenant qu'il y a ainsi de quoi suffire à toutes les dépenses, je vais immédiatement me mettre en route pour Damas, en emmenant ton fils avec moi ! Et, si Allah veut, nous reviendrons avec celle qu'il aime !» Puis il se tourna vers l'adolescent étendu sur le lit et lui demanda : «O fils de l'honorable Printemps, quel est ton nom ?» Il répondit : «Bel-Heureux !» Le Persan dit : «Eh bien, Bel-Heureux, lève-toi, et que ton âme soit désormais sauve de toute inquiétude, car tu peux, dès cet instant, considérer que ton esclave t'est rendue !» Et Bel-Heureux, mû soudain par la bonne influence du médecin, se leva et s'assit. Et le médecin continua : «Raffermis donc ton courage et ton c?ur. Chasse tous les soucis. Mange, bois et dors ! Et dans une semaine, une fois tes forces revenues, je reviendrai te prendre pour faire avec toi le voyage.» Et il prit congé de Printemps et de Bel-Heureux, et s'en alla se préparer, lui aussi, au départ. (à suivre...)