Résumé de la 6e partie n Djamel est invité à dîner chez son oncle ? en fait un cousin de son père. Sa femme lui présente ses filles, notamment Rosa, dont le jeune homme a déjà fait la connaissance, la veille. Après le dîner, il est resté à discuter avec l?oncle Saïd et ses deux fils, Omar et Zoubir, qui s?occupent de commerce au bourg. Comme la grand-mère a manifesté des signes de fatigue, Saïd lui a dit d?aller dormir et de laisser Djamel veiller un peu. Mais le jeune homme s?est levé, arguant qu?il devait se rendre à l?hôpital, tôt le matin. «Tu as raison, a dit Saïd, il ne faut pas arriver en retard au travail, de toute façon, la maison t?est ouverte, tu peux venir quand tu veux !» A l?étage, alors que ses s?urs dorment à poings fermés, Rosa, elle, est restée debout. Elle est sortie à plusieurs reprises dans le couloir pour s?assurer que Djamel n?était pas reparti, et quand elle a entendu le portail de la cour grincer, elle s?est précipitée à la fenêtre et elle l?a suivi du regard jusqu?à ce qu?il disparaisse de sa vue. Puis elle s?est mise au lit, non pas pour dormir, mais pour rêver. A vingt-deux ans, Rosa est une fille plutôt corpulente. Sans ses kilos en trop et surtout sans un nez trop grand pour un visage étroit, elle aurait été jolie : de beaux yeux noirs, de longs cils, des sourcils très fins, une bouche gracieuse et de longs cheveux d?un noir de jais, le tout sur une peau blanche? Après des études très médiocres au collège du bourg, elle a suivi, au centre culturel des cours de couture, puis elle est rentrée, pour attendre un hypothétique époux. Elle a reçu la visite de matrones, auxquelles des âmes charitables l?ont montrée, mais aussitôt qu?elles voient son nez, elles s?en vont pour ne plus revenir. «Ne désespère pas, ne cesse de lui répéter sa mère, à chaque fois qu?elle la voit désespérée, Dieu t?enverra le mari qui t?est destiné !» Et Djamel est arrivé. Elle s?est dit aussitôt que ce garçon qui vient de la ville va la remarquer : lui, il ne doit pas avoir de préjugés, comme les gens d?ici. Elle peut, par sa gentillesse et surtout son dévouement pour sa vieille grand-mère, susciter son intérêt. Elle a été particulièrement heureuse d?entendre, la veille, quand elle est allée lui apporter des beignets, la vieille Fatma faire son éloge ! Et puis, s?il doit vivre ici, il va sans doute, comme le lui a dit sa mère, chercher à prendre racine. Et, comme chacun sait, c?est par le mariage qu?on se fixe ! Elle se prend à rêver : pourquoi Djamel ne la demanderait-il pas en mariage ? La cause sera gagnée si c?est sa grand-mère qui lui choisit une épouse : elle lui rend tellement de services qu?elle voudrait l?avoir à ses côtés tout le temps. Ce qu?il faut maintenant, c?est marquer sa présence chez elle, se rendre indispensable : Djamel finira par la remarquer? «Mon Dieu, qu?il est beau !», soupire-t-elle. En pensant à lui, elle sent comme une chaleur l?envahir. La jeune fille qui n?a jusqu?à présent songé qu?à trouver un mari, quel qu?il soit, découvre qu?elle est amoureuse ! Elle lève les bras au ciel et, à voix basse, pour ne pas réveiller ses s?urs qui partagent sa chambre, elle adresse à Dieu cette prière : «Mon Dieu, Faites que Djamel soit mien. Faites de lui ma quote-part dans ce monde? C?est tout ce que je demande !» A suivre