Défensive n Les Italiens désignent, demain et lundi, leurs députés et sénateurs et pourraient, selon les sondages, mettre un point final au gouvernement de centre droite de Silvio Berlusconi. Après deux mois entièrement consacrés à la mobilisation de leurs troupes, le président du Conseil et son rival du centre gauche ont jeté leurs dernières promesses dans la bataille, sans renoncer à d'ultimes coups de griffes avant le scrutin. A Rome, Prodi a pris la parole pour la dernière fois sur une piazza del Popolo inondée de soleil, tandis que le chef du gouvernement rassemblait des partisans à Naples. Les électeurs, a lancé Berlusconi, auront à choisir entre un centre gauche «qui ne sait que taxer, interdire, jalouser et haïr» et un centre droit qui leur offre «amour et droits». «Nous allons gagner dimanche et lundi parce nous ne sommes pas des coglioni (couillons)», a ajouté le président du Conseil, reprenant le terme qui défraye la chronique depuis qu'il l'a utilisé pour la première fois mardi pour désigner les électeurs de centre gauche. «Io sono un coglione» (Je suis un couillon), pouvait-on lire sur les T-shirts proposés pour dix euros sur la piazza del Popolo aux partisans de Prodi, devant lesquels l'ancien président de la Commission européenne s'est engagé à gouverner «pour le bien de l'Italie». «Notre gouvernement sera un gouvernement pour tout le pays, pour tout le monde», a-t-il insisté. Berlusconi, qui aime en général se présenter comme un battant, s'est dit «à bout de forces» dans une interview et a évoqué ouvertement l'hypothèse d'une défaite. Ces derniers jours, il est apparu sur la défensive, s'emportant notamment jeudi avec une rare violence contre la presse, les magistrats, les patrons et les banques. La lecture de la presse italienne ne lui remontera sans doute pas le moral. La plupart des quotidiens ont choisi de reproduire la couverture de l'hebdomadaire britannique The Economist, qui conseille aux Italiens de «mettre à la porte» Berlusconi sous le titre «Basta» («Ça suffit»). Les derniers sondages d'intentions de vote autorisés donnaient une avance de 3,5 à 5 points à l'opposition, mais il y aurait 25% d'indécis. Le bilan Berlusconi, élu en 2001, est contesté par ses adversaires. Augmentation des taxes indirectes, en 2005, pour la deuxième fois en trois ans, la croissance n'a pas été au rendez-vous. Pour la première fois depuis 1992, la balance commerciale a été déficitaire en 2004 et 2005. C?est ce qui a amené Romano Prodi à dénoncer une «gestion désastreuse des finances publiques»