Cosimo Ruggieri, qui est né à Florence dans la seconde moitié du XVIe siècle, passe pour un personnage peu recommandable, et certains l?ont même accusé de sorcellerie. Après avoir, en vain, cherché la fortune dans son pays natal, il se rend à Paris, dans la cour de la reine Catherine de Médicis, connue pour son engouement pour les sciences ésotériques, surtout l?astrologie. Ruggieri, qui pratiquait la magie, a été jugé et condamné aux galères. Mais la reine a fini par le faire libérer et même à lui fournir un laboratoire, à la Halle-au-Blé, à l?emplacement actuel de la Bourse du commerce. On rapporte, sans que l?authenticité du fait soit établie, que Ruggieri a prédit à la reine, qui l?interrogeait sur le lieu de sa mort, que celui-ci avait un rapport avec Saint-Germain. La reine va donc éviter tous les lieux, villes et villages, portant le nom de ce saint. Un jour, alors qu?elle se trouvait à Blois, on vient lui annoncer l?assassinat du duc de Guise. Cette nouvelle la peine au point qu?elle est saisie d?une forte fièvre et qu?elle doit s?aliter. Elle demande avoir un prêtre. Un homme se présente et la reine lui demande son nom. «Je suis le père Saint-Germain», dit-il. «Ah, s?écrie la reine, je suis perdue !» son état s?aggrave, en effet, et elle meurt le lendemain, 5 janvier 1589. A la fin de sa vie, Ruggieri se fait ordonner prêtre, mais au moment de mourir il chasse les prêtres venus l?assister : «Il n?y a pas d?autres diables que nos ennemis, leur dit-il, il n?y a pas d?autres dieux que les rois !» Ce comportement provoque l?indignation de la population qui va traîner le corps du personnage sur une claie.