Célébrité n Lotfi jouit d'une grande notoriété grâce à sa musique et aux thèmes de ses chansons. Lotfi est très médiatisé et il profite de sa notoriété pour sortir des albums en série. Mais le fait qu'il ait acquis une renommée nationale voudrait-il dire qu'il est le seul rappeur algérien ? Si la réponse est «non», alors où sont les autres ? Il existe en vérité beaucoup de rappeurs qui sont toujours dans l'ombre malgré leurs efforts pour s'imposer. Car les éditeurs font leur loi et imposent des conditions draconiennes dignes de la méthode communiste de l'ancien temps. Si ce ne sont pas les éditeurs, ce sont la télévision et la radio. Il existe dans le rap algérien une qualité de production hors normes, des artistes de haut niveau, bourrés de talents, et qui méritent, tout autant que Lotfi, d'être connus. Il existe des rappeurs qui n'ont pas à rougir devant les productions françaises ou US. Côté Noor Côté Noir est un album de Khalil, alias Mamooth, rappeur algérois, ex-membre du groupe Art-Mur-Hostile (AMH). C'est un artiste talentueux, avec un style bien à lui et un flow reconnaissable parmi mille. Côté Noor Côté Noir est un autoproduit, fait avec les moyens du bord, un album très attendu par les fans de rap algérien. Sa sortie en juillet 2005 devait être un événement. Mais voilà que presque un an après, l'album se vend très difficilement, non pas parce qu'il est mauvais, mais parce qu'il est pratiquement introuvable dans les bacs des grandes villes comme Oran, Annaba et Constantine, hormis à Alger où il faut vraiment s'accrocher et vouloir à tout prix l'écouter pour le trouver. Pourtant, Mamooth a mis du cœur à l'ouvrage pour la promotion de son «bébé», mais les distributeurs n'ont pas joué le jeu. Même cas pour le groupe MBS, un groupe pourtant très coté à la fin des années 1990. Leur album Maquis bla slah est pratiquement introuvable, un album 100% autoproduit, qui nous montre la nouvelle trajectoire artistique que prend le groupe. Libre de toutes chaînes, il nous fait découvrir son vrai talent. Malgré cela, cet opus se vend au compte-gouttes car il est très mal distribué. N'oublions pas que MBS a été le groupe qui a fait connaître et émerger le rap en Algérie, en 1997, sous la direction de Chérif Aflah. Et malgré tout, ils survivent, nos rappeurs. Ils survivent contre vents et marées. Heureusement que grâce à Internet, ils tentent de faire connaître leurs œuvres. Plusieurs sites et blogs voient le jour et les aident dans leur démarche. Citons à ce titre le site de rap algérien www.rap-algerien.com, le blog rapalgerien2005.skyblog.comet bien d'autres qui arrivent pour enrichir le mouvement hip-hop, loin des «sang-su-re» et des tentacules étatiques.