El-Ouricia est une bourgade, encore une, qui sort de l?anonymat et qui se retrouve propulsée sur le devant de la scène, non pas par un projet de développement retentissant ou une réalisation que les habitants n?espèrent même plus. La localité doit cette soudaine notoriété à un événement tragique à peine croyable tant il semble loin de tout ce que nous avons vu ou entendu chez nous jusqu?à aujourd?hui. Des enfants sont coupables de meurtre avec préméditation et peut-être même de sévices sexuels sur la personne d?un enfant de 3 ans ! Froidement, les petits assassins de 11 et 12 ans ont poussé le cynisme jusqu?à maquiller leur crime en accident. Dès lors, aucun doute possible : ils sont pleinement conscients de leur acte, sa signification et toute sa gravité. Ce qui s?est passé à El-Ouricia interpelle aujourd?hui tous les Algériens appelés à s?interroger : comment en est-on arrivé là ? Et où va-t-on ? De prime abord, on est tenté, devant l?horreur de l?acte, de détourner les yeux, d?occulter les faits et de faire comme si de rien n?était. N?étaient-ils pas nombreux les Algériens, hommes et femmes de différents niveaux à soutenir mordicus que les terroristes des GIA qui éventraient les femmes enceintes et égorgeaient les nourrissons n?étaient pas des compatriotes ? A quoi cela a-t-il servi de se voiler la face ? A quoi cela peut-il mener de fourrer sa tête dans le sable et de feindre d?ignorer que notre société est en train d?enfanter des monstres ? Pendant longtemps, l?Algérien s?est bercé de douces illusions s?installant dans de réconfortantes certitudes : les horreurs, c?est chez les autres qu?elles arrivent, dans les sociétés occidentales en mal de valeurs et de certitudes. La tragédie d?El-Ouricia devait être médiatisée non pas en quête de sensationnel mais pour toute sa dimension humaine et sociale. L?alerte devait être donnée pour que pouvoirs publics, société civile et individus soient interpellés sur le fait qu?il y a peut-être péril en la demeure et qu?il faut agir chacun de son côté, pour que El-Ouricia reste la triste exception.