Legs n Dans une région où l'artisanat était la source de vie pour de nombreuses familles, on a appris à rendre hommage à l'art des aïeux. Mais aujourd'hui, hélas, il ne reste que les fêtes pour donner aux artisans ne serait ce qu'un infime espoir de vendre leurs produits, car de notre temps bijoux, poterie, tapis, ne nourrissent plus leur homme. Après Ath Yenni, c'est le village d'Ath Hicham dans la commune d'Aït Yahia, qui organise sa fête. Celle du tapis. Mais contrairement au bijou qui a charmé les foules et drainé du monde à Ath Yenni, le tapis est demeuré solitaire tristement accroché aux murs du CEM d'Aït Hicham qui scrute l'horizon en quête de visiteurs et surtout d'acheteurs. Avant-hier, jeudi, premier jour de la fête qui s'étalera jusqu'au 17 de ce mois, l'ambiance était loin d'être festive, et la présence du ministre de la Pêche, Smaïl Mimoune, et du représentant du ministère de la PME/PMI et de l'artisanat, Lakhdar Guenoune, était l'occasion pour les artisans et notamment les tisseuses, car en Kabylie ce métier se conjugue exclusivement au féminin, de parler de leurs problèmes et de demander leur prise en charge. «La laine est trop chère et nous n'avons reçu aucune aide de l'Etat, lance une tisseuse. J'ai ma carte d'artisan, j'ai introduit un dossier pour la création d'un petit atelier de tissage et cela fait trois mois que j'attends toujours une réponse», et à une autre d'enchaîner : «Moi je n'ai jamais bénéficié de quoi que ce soit alors j'ai supprimé ma carte qui ne me sert à rien », cette dernière qui a participé à la Fête du tapis de Ghardaïa a soulevé le problème de la prise en charge des artisans pour ce genre de manifestations. «Pour la Fête de Ghardaïa, j'ai pu m'y rendre, mais j'aurais souhaité que l'Etat nous aide à exposer lors de manifestations à l'étranger pour nous aider à faire connaître nos produits dans d'autres pays». Smaïl Mimoune conseillera aux artisans de s'organiser en association qui permettra la mise en place d'un espace de concertation avec l'administration qui sera ainsi, mieux informée des problèmes des artisans et discutera avec eux des mesures à prendre pour les régler. Concernant la rareté du corail pour les bijoux en argent, le ministre dira que son exploitation sera relancée prochainement en bandes alternées qui permettront sa régénération et assureront la présence régulière du produit sur le marché. Il faut dire que si les mesures ne sont pas prises pour résoudre les problèmes dans lesquels se débattent les tapissiers notamment par la mise en place d'un circuit de vente, le tapis risque de disparaître dans les quelques prochaines années. En effet, si jusque-là, ce métier a pu être sauvegardé, c'est grâce aux vieilles qui, du haut de leurs 90 ans, continuent à tisser. Les jeunes filles, quant à elles, ne s'intéressent pas à cette activité qui ne rapporte pas. A Aït Hicham, elles ne sont plus qu'une dizaine de tisseuses à perpétuer la tradition. Qu'en sera-t-il dans un proche avenir ?