Protestation Des centaines de lycéens ont été renvoyés de leurs établissements. Les enseignants du secondaire, à l?appel de la Cnapest, ont débrayé pour 4 jours et ce, pour la troisième fois. Devant l?inertie et l?entêtement de leur tutelle, les grévistes campent sur leurs positions et répondent par une détermination où «l?entêtement» est encore plus fort. Des lycéens, surtout ceux des classes de terminale qui présenteront le baccalauréat en fin d?année, exacerbés par ce dialogue de sourds, n?ont pas manqué de crier leur colère. Imène, une élève du lycée de jeunes filles Malika-Gaïd, nous dira d?un ton rageur : «L?année dernière, Sétif a battu le record national de grève des enseignants du secondaire : 44 jours exactement, outre celle des transporteurs qui nous également pénalisés. Résultat : la wilaya de Sétif a obtenu un des taux les plus bas de réussite au bac, 26,01%. Un taux qui dégringole d?année en année. On s?interroge sérieusement sur cette situation dont nous sommes les véritables otages. Que font les associations des parents d?élèves ? Que font les responsables du secteur ? On a l?impression d?être abandonnés et de naviguer à vue. Cet état de fait nous perturbe psychologiquement et nous démotive. Nous qui rêvions d?études sérieuses, d?enseignants assidus et qui pensions à notre avenir, qui est désormais compromis?» Imène ne croyait pas si bien dire? Beaucoup de gens s?interrogent sur les objectifs et les tenants et aboutissants de ce mouvement de grève cyclique. Tout un programme ! Des syndicats s?expriment au nom des milliers d?enseignants qu?ils arrivent à mobiliser et ne sont pas reconnus par les pouvoirs publics ! Kafla lui-même y perdrait son bon sens. A Sétif, ce qui est singulier et paradoxal, c?est que les professeurs grévistes assurent à leurs élèves des cours de soutien en dehors des établissements publics. Ainsi, des locaux divers (garages, caves, vides sanitaires) servent de salles de cours qui fleurissent comme des champignons. Les enseignants «s?inquiètent» du sort de leurs apprenants. Ces cours, à raison de 4 heures hebdomadaires, coûtent de 600 à 1 000 dinars le mois. Arguant les carences de l?école publique comme des programmes longs et divers, les classes surchargées, le manque de moyens didactiques, ils conseillent le recours au cours de soutien. Vu les prix exorbitants pratiqués, ces cours devraient en principe être prodigués dans de meilleures conditions. Or, c?est loin d?être le cas. Salles exiguës, mal éclairées, conditions d?hygiène douteuses? Des «classes» dans lesquelles s?entassent une soixantaine d?élèves, chaque enseignant ayant sous sa coupe 200 à 300 élèves. Où est l?amélioration qualitative de cet enseignement particulier ? Des parents démunis se privent pour ne pas avoir mauvaise conscience et s?insurgent. Mme Nacéra nous dira : «Comment un prof peut-il dispenser un enseignement de qualité dans son lycée alors qu?il le fait à un rythme démentiel durant tous les jours de la semaine, les week-end compris, à plus de 200 élèves ? C?est indécent et l?on parle d?honnêteté intellectuelle ! Nous nous privons de tout pour améliorer le niveau de nos enfants.» Il est vrai que dans notre pays, tout se vend et tout s?achète. L?argent n?a pas d?odeur. Après le trabendo classique, voici le «trabendo de l?alphabet», pratiqué sans vergogne sur des adolescents impuissants, désorientés, déboussolés et victimes d?un odieux chantage. «Mon enfant, tu veux un enseignement de qualité ? Viens chez moi, j?ai loué un local dans le coin?» Après la santé publique, c?est au tour de l?école publique?