Difficultés n Les souffrances des habitants du centre de transit de Boumaâti sont telles qu'ils ne peuvent même pas dormir tranquilles. Il faut dire que les problèmes auxquels ils sont confrontés et les dangers auxquels ils sont exposés sont innombrables. Même quand ils parviennent à trouver le sommeil, ils n'en profitent pas vraiment car ils sont souvent réveillés qui par un bruit, qui par un cri ou un éclat de voix. Il y a quelques semaines, nous a-t-on appris, un jeune homme de 35 ans a été ainsi surpris dans son sommeil par «un rat gros comme ça» qui l'a mordu. Evacué vers la structure de santé la plus proche, il fa été pris en charge par un médecin qui lui a prescrit… une cinquantaine d'injections. Cette histoire est révélatrice de la dureté de la vie dans ce centre «où les serpents font partie du décor en été», témoigne Rabah. «Comme un malheur ne vient jamais seul, même les chiens qu'on élève pour chasser les animaux sont souvent fauchés par les trains», ajoute un autre père de famille. «Il n'y a pas que les serpents et les rats qui rôdent par ici, il y a aussi les sangliers qui investissent les lieux chaque nuit ou presque. Ils viennent en groupe, on dirait un troupeau de bovins, il faut le voir pour croire», ajoute-t-il. «Parfois, on est obligé de se calfeutrer chez nous dès 18 h de peur d'être attaqués par ces animaux», dit, pour sa part, Lyès. «Dans la journée, ce sont les enfants qui jouent ici, et la nuit, ce sont les sangliers.» Pour un autre jeune homme d'une trentaine d'années, la vie dans ce centre est un véritable cauchemar. «El-oued, lehnach, el-hellouf (l'oued, les serpents, les sangliers), on dirait qu'on habite une jungle. Pourtant, nous ne sommes qu'à une dizaine de kilomètres d'Alger», fait-il remarquer avec beaucoup de dépit. S'il est vrai que la plupart des habitants du coin tiennent le coup malgré tout en faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il n'en demeure pas moins que certains n'ont pas pu résister. C'est le cas de cette famille qui a abandonné, il y a quelques jours, la baraque qui lui servait de logis pour aller se réfugier dans un hôtel à Alger-Centre. «Ce n'est pas de gaieté de cœur qu'ils ont fait ça, ils souffraient terriblement ici, ils n'en pouvaient plus», nous a-t-on fait savoir.