Devant l'ampleur que prend le phénomène de l'émigration clandestine qui est en train de tourner à la tragédie, le ministère des Affaires religieuses a décidé d'agir et de déclarer illicites les risques que prennent les harragas, lesquels risques s'apparentent au suicide. L'information nous a été confirmée ce matin par M. Tamine, chargé de la communication au ministère des Affaires religieuses : une fetwa interdisant aux harragas de risquer leur vie est en préparation et interviendra, au plus tard, au courant de la semaine prochaine. Le président de la commission des fetwas au sein du même département, M. Abou Abdessallam, avait déjà évoqué cette éventualité, il y a quelques jours. Celui-ci avait estimé que le fait de risquer sa vie sur une embarcation de fortune peut s'apparenter à une tentative de suicide, ce qui est en porte-à-faux avec les préceptes de la religion musulmane. Les réseaux de passeurs qui sont derrière la propagation du phénomène seront également visés par la fetwa qui sera prononcée, selon notre interlocuteur, une fois réunis tous les membres de la commission des fetwas et pris l'avis du Conseil supérieur islamique. En attendant, le département de Ghoulamallah a pris une autre initiative non moins louable, en invitant ces candidats à l'émigration clandestine, communément appelés harragas, à se rapprocher de ses structures pour éventuellement bénéficier des fonds collectés dans le cadre de la zakat. «Devant les proportions prises par le phénomène, nous avons prévu deux formules pour la prise en charge de ces jeunes en mal de perspectives», affirme M. Tamine. La première, explique-t-il, intitulée «la zakat d'investissement», est destinée aux jeunes ayant des familles à charge et disposant d'un diplôme ou d'une qualification professionnelle. Des crédits sans intérêts pouvant aller jusqu'à 30 millions de centimes, leur seront octroyés pour la création de microentreprises. L'autre formule, «la zakat de la consommation» bénéficiera aux nécessiteux non diplômés. «Plutôt que de risquer leur vie en mer, ces jeunes doivent prendre l'exemple de toutes ces familles qui ont pu améliorer sensiblement leur situation grâce au Fonds de la zakat», estime notre interlocuteur qui rappelle que depuis l'institution de ce fonds, en 2004, quelque 1 280 familles prises en charge sont définitivement sorties de la pauvreté en créant des microentreprises dans divers domaines telles l'agriculture, l'apiculture, la publicité… Depuis quelques années, le phénomène de l'émigration clandestine a pris des proportions alarmantes et n'épargne aucune frange de la société. Que ce soit à l'est, au centre ou à l'ouest du pays, il est régulièrement fait état de sauvetage par les gardes-côtes de dizaines de jeunes sur le point de se noyer après avoir tenté de traverser la Méditerranée sur des embarcations de fortune. Hélas, d'autres n'ont pas eu cette chance, puisque nombre d'entre eux périssent en mer. Une source digne de foi nous a indiqué que l'année passée, rien que pour la région Ouest, 42 jeunes sont morts en tentant d'atteindre les côtes européennes…