Propriétaire d'une parcelle de terrain de 10 hectares, Aâmi Mohamed, 58 ans, agriculteur au sein de l'exploitation n°1 Mellak, nous a servi d'intermédiaire avec les nomades. Interrogé sur les éventuels désagréments que pourrait engendrer l'installation de la petite communauté sur les terres de l'exploitation, il nous dira : «Ces gens ne font de mal à personne. Ils vivent leur vie sans rien demander, sans poser de problème à quiconque. Pourquoi donc me dérangeraient-ils?» Aâmi Mohamed est très apprécié par les nomades. Il fait tout ce qu'il peut pour les soulager, un tant soit peu, de leur misère. C'est ainsi qu'il a remis en service une sonde d'eau qui était abandonnée depuis des années près de sa parcelle de terrain, afin de permettre à ces familles d'avoir une source d'eau pour parer à leurs besoins quotidiens. Il nous expliquera, plus tard, que l'exploitation agricole comptait 93 ha et, depuis quelque temps, on l'a restreinte à 27 ha et une grande partie est restée en jachère, «alors des nomades s'y installent, cela ne me gêne absolument pas». Le «fellah», comme il aime se qualifier, nous a fait part de ses préoccupations en tant qu'exploitant : «Ce n'est pas ces gens qui me gênent. Mais plutôt le manque de moyens qui me cause des soucis. J'ai beau solliciter des aides auprès des autorités, ils me répondent que rien n'est prévu pour les exploitations de moins de 20 ha. J'ai alors demandé de m'adjoindre 10 ha pour être dans les normes. Mais je n'ai reçu aucune réponse. Ajouter à cela le manque de pluviosité, la vétusté du matériel, la cherté des engrais et des semences, le résultat est terrible.» Et d'ajouter : «On nous a bien offert des pousses d'orangers, mais l'entretien coûte trop cher.» D'un autre côté, l'exploitant dénonce le fait que des camions de particuliers viennent très souvent décharger des ordures sur les parcelles inexploitées : «On a essayé de les intercepter, mais nous n'avons réussi qu'à en attraper un. Si rien n'est fait, il y aura une vraie décharge publique à cet endroit.»