Occultée jusque-là par les prétendants à la députation, la question de la révision de la Constitution revient au-devant de la scène à la faveur de la sortie médiatique, hier, du chef du gouvernement qui a laissé entendre que l'amendement pourrait intervenir juste après le scrutin législatif sans passer nécessairement par un référendum … La révision de la loi fondamentale du pays pourrait intervenir juste après les législatives du 17 mai prochain. C'est du moins ce qui ressort des propos tenus, hier, par Abdelaziz Belkhadem lors d'un point de presse en marge de son intervention devant le Forum des chefs d'entreprise, à l'hôtel El-Aurassi. Des propos empreints d'ambiguïté mais qui laissent néanmoins entendre que l'amendement pourrait ne pas se faire par voie référendaire. «Qui a parlé de référendum ?», lance-t-il à l'adresse des représentants de la presse. «La révision de la Constitution peut, conformément à ses dispositions, se faire par voie référendaire, mais il n'y a pas que cette voie. Les mêmes dispositions permettent un recours au vote des deux chambres du Parlement», rappelle-t-il. La sortie du chef du gouvernement ne manquera pas de faire réagir la classe politique, notamment ses partenaires au sein de l'Alliance présidentielle, et la question, évitée jusque-là par les candidats à la députation, risque de se retrouver au cœur des débats de la campagne électorale en cours. C'est, en effet, la première fois, depuis le lancement par le chef de l'Etat du chantier de la révision de la Constitution, qu'un haut responsable de l'Etat évoque l'éventualité de procéder à l'amendement sans consultation populaire. Serait-ce là la première mission qui sera assignée au nouveau Parlement qui sortira des urnes le 17 mai? Belkhadem n'en dira pas plus et préfère évoquer la teneur même de la future Constitution et la création supposée du poste de vice-Président que les observateurs lui prêtent l'ambition de briguer. Le patron du FLN balaie d'un revers de la main ces supputations et réitère ses propos tenus il y a un mois, lors de la présentation des listes des candidats du parti aux législatives. «Je ne vise pas le poste de vice-Président de la République. Je vous rappelle que même dans la mouture que nous avons soumise au chef de l'Etat, nous n'avons pas proposé la création d'un tel poste», tranche-t-il. L'équivoque levée, Belkhadem, tout en prédisant «une forte participation» au prochain scrutin en dépit de la «campagne qui démarre timidement», évoque ses relations avec les autres partis de l'Alliance dont la principale mission est «l'application du programme du Président de la République». Se voulant peu disert sur la question, le chef de l'Exécutif se contentera de dire qu'il n'avait «aucun différend avec Ouyahia» et que la politique de la réconciliation nationale «se poursuit». Concernant l'état de santé de Bouteflika, il dira que ce dernier se porte bien, en voulant pour preuve les différentes audiences qu'il accorde régulièrement à des émissaires de pays étrangers. Sarkozy ou Ségolène, notre préalable tient toujours l Interrogé sur l'élection présidentielle française, Abdelaziz Belkhadem n'a pas souhaité s'exprimer en sa qualité de chef du gouvernement sur une «question interne d'une nation souveraine». Il a néanmoins accepté de faire part de sa position en tant que secrétaire général du FLN. «Je n'ai pas de préférence entre les deux candidats en lice. Quelle que soit la nature du régime qui dirigera la France après ces élections, les Français ont des intérêts chez nous et les Algériens ont des intérêts en France. Pour peu que les intérêts soient partagés, nous sommes disposés à développer nos relations avec le peuple et l'Etat français», dira-t-il avant de rappeler que le préalable de la reconnaissance de ses crimes par la France tient toujours. «Rien n'empêche la signature du traité d'amitié s'il consacre le devoir de mémoire et fasse que la France officielle se démarque de la France coloniale. Mais si on tient à glorifier le colonialisme, nous en tant qu'Algériens, nous ne pouvons pas accepter que la tragédie qu'a vécue notre peuple durant 132 années, sous un colonialisme de peuplement, soit transformée en apologie.»