Lien n Plus les familles ont des revenus faibles, plus elles recourent à la consommation du lait en raison de son prix et de son apport en nutriments. L'Algérien consomme en moyenne 115 litres de lait par an. Cela fait de lui le plus grand consommateur au Maghreb. Le Tunisien en boit annuellement quelque 85 litres, contre 60 pour le Marocain seulement. De l'avis de Karim Rahal, cette situation s'explique surtout par les prix relativement bas du lait dans notre pays. «Ce produit est beaucoup moins cher chez nous que chez nos voisins», fera-t-il remarquer. Cet avis est partagé par Rachid Amellal : «La consommation du lait a sensiblement augmenté au fil des années sous l'effet de la croissance démographique et du soutien des prix par l'Etat», dira-t-il. Citant une enquête réalisée, ces dernières années, il indiquera que plus les revenus des familles sont faibles, «plus elles recourent à la consommation du lait en raison de son prix et de son apport en nutriments». «Il est souvent consommé en substitution à d'autres produits plus coûteux comme la viande, c'est pourquoi certains le qualifient de produit-refuge», ajoutera-t-il, non sans omettre de signaler qu'une calorie obtenue à partir de la viande «est vingt fois plus coûteuse que celle obtenue à partir du lait». Selon Mokrane Nouad, expert-consultant en développement des filières agroalimentaires et ex-cadre au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, cette consommation accrue du lait dans notre pays est la conséquence d'un «choix stratégique» opéré par les hautes autorités du pays au lendemain de l'Indépendance. «On a opté pour le lait afin de satisfaire les besoins nutritionnels de la population, ainsi a-t-on décidé de subventionner ses prix de sorte à ce qu'il soit à la portée de tout le monde, ce fut le choix de l'époque», dira-t-il. C'est ainsi que l'Algérien est devenu un grand consommateur de lait. «Mais à l'origine, précise M. Nouad, il ne l'était pas. Dans les années 1960, il était beaucoup plus amateur de thé et autres boissons.» Une chose est certaine en tout cas : la consommation du lait ne cesse d'augmenter comme le prouvent les quantités de poudre de lait importées, ces dernières années. Celles-ci «sont passées de 115 000 tonnes en 1996 à 241 670 tonnes en 2005, soit une augmentation de 111 %», relèvera M. Amellal tout en regrettant que la production ait connu une faible croissance «au moment où la consommation a fortement augmenté».