Résumé de la 5e partie n Pendant que le comte enterrait le cadavre de l'un des hommes pendus, le prenant pour celui du maître voleur, ce dernier pénétrait dans la chambre de la comtesse en enjambant la fenêtre. Ma chère femme, dit-il en imitant la voix du comte, le voleur est mort ! Mais c'était mon filleul néanmoins ; ce n'était pas un mauvais bougre, au fond : il avait plutôt le goût de l'aventure que celui du Mal. Je ne veux pas le livrer à la honte publique. Et puis, je pense aussi à ses malheureux parents qui me font pitié. Je vais donc l'enterrer moi-même dans notre jardin, avant le jour, et éviter ainsi que l'histoire se répande au-dehors. Il me faut aussi le drap de lit pour lui servir de linceul : je ne peux tout de même pas l'enterrer comme un chien ! Donne-le-moi... Et puis tiens ! Ajouta-t-il en contrefaisant toujours le comte, il faut suivre ses élans de générosité : donne-moi également ton anneau. Puisque le malheureux a risqué sa vie pour l'avoir, je vais le lui laisser dans sa tombe. La comtesse ne voulait pas contrarier son époux, et bien qu'elle ne le fît pas de bon cœur, elle retira néanmoins l'alliance de son doigt et la lui tendit, après lui avoir remis le drap du lit. Le voleur les emporta et arriva sans encombre chez lui avant que le comte n'eut fini son travail de fossoyeur dans le jardin. Le lendemain, quand le maître voleur lui rapporta la bague et le drap, le comte avait plutôt l'air déconfit en le voyant. — Es-tu sorcier ? Questionna-t-il. Qui t'a ressuscité et sorti de la tombe, dans laquelle je t'ai couché de mes propres mains ? — Ce n'est pas moi que vous avez enterré, lui apprit le voleur, mais un pauvre pendu qui se balançait à la potence. Lorsqu'il lui eut raconté toute l'histoire, le comte reprit confiance et lui dit : — Je reconnais que tu es un voleur habile et intelligent, mais tu n'es pas au bout de tes peines. Il te reste la troisième épreuve à réussir, et si tu n'y parviens pas, rien au monde ne pourra te sauver ! Le maître voleur se contenta de sourire et ne répondit point. La nuit venue, il se rendit à l'église du village avec un grand sac sur le dos, un baluchon sous le bras et une lanterne à la main. Dans le grand sac, il avait des écrevisses et dans le baluchon, de petits cierges très courts. Il alla s'asseoir dans le cimetière, sortit une écrevisse de son sac, lui colla avec un peu de cire fondue un petit cierge allumé sur le dos, puis la laissa aller à sa guise. Il tira de son sac une seconde écrevisse et fit la même chose, puis une troisième, une quatrième et ainsi de suite jusqu'à la dernière écrevisse du sac. Cela fait, il enfila une longue robe noire qui ressemblait à un froc de moine et se mit au menton une longue barbe grise. (à suivre...)