Plaie n Décidément, l'informel est devenu la source de tous les maux que connaît l'économie du pays. Un état de fait que déplorent les responsables des différents secteurs de l'économie nationale. C'est dans ce sens qu'a abondé, hier, un professionnel du secteur du cuir, en l'occurrence Mohand Zougar, P-DG de l'entreprise MVL Cuir. Lors d'une conférence de presse au siège de l'Ugcaa, le P-DG a dressé un état des lieux inquiétant. Selon lui, l'informel détient 50% de l'activité du cuir, révélant que plusieurs entités ont baissé rideau et d'autres risquent le même sort, au cas où la situation persisterait. Ainsi, selon M. Zougar, le groupe Leather Industry a vu dernièrement plusieurs filiales fermées, celles de Frenda, de Mascara, de Tébessa, de Khenchela, notamment. Outre l'informel, d'autres questions ont été soulevées. L'orateur affirme ainsi que les filières tanneries et mégisseries roulent à 60% et la filière manufacture à 20%. Ceci, ajoute le P-DG pour dire que le secteur, vu l'investissement déjà consenti durant les années écoulées, peut absorber toute la matière brut existant dans le pays. Cependant, souligne-t-il, même cette matière brut est convoitée par les spéculateurs aux frontières et est devenue ainsi exposée à une exportation aveugle au détriment des besoins des unités et manufactures nationales. «Le cuir algérien, qui est un label qui rivalise avec les grandes marques mondiales», selon notre interlocuteur, peut générer des profits importants. Et le potentiel existe. Ne serait-ce que l'exemple «du sacrifice de l'Aïd, qui, à ses yeux, peut générer 30% de l'abattage global soit 1 200 000 peaux». Selon lui, cette quantité échappe aux industriels pour cause du désintéressement des citoyens. Selon les estimations fournies par l'orateur, l'Algérie perd environ 1 700 000 peaux/an( chiffre 2001). Cette évasion frauduleuse du cuir, selon lui, est due à la cherté de cette matière première dans le monde. Cette situation, au demeurant, a engendré des retombées néfastes sur le fonctionnement de ce secteur de l'industrie qui a perdu en l'espace d'une dizaine d'années, 8 000 employés. Le P-DG de l'entreprise MVL Cuir reste néanmoins optimiste quant à un nouvel essor de la filière cuir. Pour lui, la question dépend beaucoup d'une concurrence loyale qu'il «ne craint pas». Ayant un capital expérience de plus de vingt ans dans ce secteur d'activité, M. Zougar a, en s'inspirant de cette expérience, suggéré et proposé de revoir la politique ayant trait à cette question. Il estime qu'il faut revoir et prendre en considération les contraintes fiscales et financières des entreprises, mais aussi «aider les entreprises dans leur mise à niveau et ce, afin qu'elles puissent faire face à la concurrence internationale notamment dans le cadre de l'accord avec l'UE et prochainement l'OMC». S'agissant de l'entité qu'il gère, M. Zougar notera qu'elle enregistre un bénéfice et un développement constant. Pour indication, MVL Cuir produit plusieurs articles de maroquinerie, des vêtements, articles professionnels, etc. Elle est l'héritière de l'entreprise Altairac fondée en 1865. Actuellement, cette entreprise, qui exporte en France et en Espagne, a la charge d'équiper plusieurs institutions et organismes à leur tête les corps constitués.