"Proie" Qui ne se souvient pas du fameux sachet noir bourré de 400 millions, trimbalé à Oran par les dirigeants du Chabab partis à la chasse de Boukessassa ou bien l?autre sac de zaïm remis à Ouahid puis repris dans des conditions rocambolesques. c?est aussi cela la réalité de notre foot business. Le marché des transferts de ces dernières années a donné le tournis à tout le monde. Qu?ils soient vrais ou exagérés, les chiffres, étalés régulièrement dans les médias et colportés par le milieu, mettent une pression supplémentaire sur le joueur et fausse tous les calculs. Qui n?a pas entendu ou lu cette fameuse phrase : ?Je veux être estimé à ma juste valeur?. Mais qui fixe cette valeur et sur quels critères ? Lorsqu?on avance la somme de 800 millions (vrai ou faux) pour s?approprier les services de Mezouar qui n?est même pas international en ce moment, cela explique que le marché des transferts n?obéit à aucune règle économique ou de valeur sportive. C?est dire les paradoxes de notre football : plus la valeur ou le rendement du joueur baisse, plus sa cote augmente. Et plus les dirigeants crient aux caisses vides et plus ils proposent des sommes mirobolantes, le plus souvent transportées dans des sacs ou des sachets noirs, voire dans la malle d?une voiture afin d?appâter sa proie. Rien à faire pour connaître les primes de signature ni les salaires que touchent joueurs et entraîneurs. D?ailleurs, chacun y trouve son compte : le président pique au passage, le joueur se targue d?avoir signé pour une telle somme alors qu?il touche moins, et va les caisses noires ! ce qui fait que les voies des transferts chez nous sont impénétrables. Il y a trois ans, les instances footballistiques avaient annoncé pompeusement l?avènement du professionnalisme en mettant la charrue avant les b?ufs, ce qui a donné l?idée à certains de lancer une espèce de mercato qui n?a survécu finalement que dans l?esprit de ses initiateurs. Pourquoi le mercato ? Pour aider les clubs à recruter parce qu?ils ne savent pas le faire, parce qu?ils n?ont pas suffisamment de notions de management ni de politique de gestion en fonction de leur santé financière et de leurs ambitions réelles. Cette idée, initiée par Sporting Management de M. Rezkane, se voulait un compromis entre un marché sauvage et un professionnalisme au top. Mais l?idée a survécu. Et les sachets noirs continuent de circuler dans l?impunité la plus totale. Aucune écriture comptable, seuls des contrats notariés, nous dit-on, sont établis pour protéger les intérêts des deux parties contractantes, sans plus. L?argent est tabou. ?pourquoi voulez-vous que l?on vous parle d?argent alors que personne ne le fait ? Lorsqu?on sera dans la transparence, eh bien on étalera nos chiffres nous aussi?. C?est là la réponse de tous les dirigeants sur la question.