Facteurs n Eté caniculaire, facilité de paiement, quête effrénée du confort, pour toutes ces raisons le marché algérien des climatiseurs connaît une nette croissance et n'est pas près de connaître la «déprime». Il n'y a pas si longtemps encore, posséder la clim chez soi relevait du luxe. Aujourd'hui, des ménages, même ceux atteignant le seuil du surendettement, ne se privent pas de s'équiper de cet appareil devenu, par la force du climat, une nécessité. Zakia vient tout juste d'en acheter un. Déjà endettée, tout comme son mari après l'achat d'une grosse cylindrée il y a une année, et un tas d'autres d'appareils électroménagers également, cette dame, d'une quarantaine d'années environ, cadre dans une entreprise publique, a emprunté une importante somme d'argent auprès d'un parent pour pouvoir passer le restant de l'été à la fraîcheur. «Je pouvais faire un prêt sur gages, mais je ne l'ai pas fait, à cause des mariages, vous voyez ce que je veux dire ? Un parent que j'ai déjà aidé, m'a rendu la pareille. Au moins, lui, il ne me demandera pas d'intérêt», résume-t-elle. La construction tout en béton dans laquelle «suffoquent» à en mourir ses enfants, a contraint cette dame à faire un sacrifice et «il va falloir aussi payer l'installation, la facture de l'électricité et j'en passe», énumère-t-elle dans un esprit copieusement calculateur. C'est en faisant presque le même calcul que Rachid H., marchand de volailles à la rue de Tripoli à Hussein-Dey, a entamé le sujet des climatiseurs. «Pour ouvrir ce commerce, j'ai dû consentir beaucoup d'investissements. Il fallait avoir le présentoir, les frigos, la balance. Il fallait trouver l'argent du loyer et cet été avec la chaleur qui sévit depuis des mois, j'étais obligé d'installer un climatiseur dans mon local pour la clientèle et Dieu merci, elle est beaucoup plus nombreuse qu'auparavant, grâce à la clim», nous a-t-il dit en bon commerçant. Comme lui, bon nombre de commerçants ont trouvé la parade de doter le local de l'air conditionné pour attirer plus de clients et engranger plus de profits. A la rue Hassiba-Ben-Bouali, réputée commerçante et grouillant de monde, le vrombissement des climatiseurs se fond avec les sons assourdissants des voitures. Les magasins d'articles pour femmes, tout comme quelques taxiphones, offrent cette agréable fraîcheur. «Plus il y a de l'air conditionné, plus les communications durent et plus le compteur monte», nous a expliqué le propriétaire d'un kiosque multiservices qui a, sans doute, omis la facture salée de l'électricité — surtout s'il met son climatiseur à plein régime — et aussi un autre détail : le service après-vente n'est pas garanti et si par malheur, un problème survient, il faudra faire toute une gymnastique pour dénicher le technicien capable de tout réparer.