Impuissants n «Je ne peux pas risquer ma vie avec des gens qui ne respectent rien et qui sont capables de tout …!» Ce sont les propos de Omar, un agent de sécurité dans le train Alger-Boumerdès. Il explique qu'il a été, à maintes reprises, agressé par des voyous pour les avoir sommés de payer leurs billets ou de descendre. «Je ne vous cache rien, j'ai peur pour ma vie. En plus pour un salaire minable de 10 000 DA !...» souligne-t-il en disant qu'il était devenu pragmatique. «J'essaye de raisonner les têtes dures mais s'ils se montrent agressifs et intraitables je laisse tomber...», reconnaît-il. Omar, qui travaille dans ce train depuis 1998, nous a raconté beaucoup d'aventures avec la mafia des trains. Selon lui, les agents de sécurité sont vraiment impuissants. «Nous n'avons aucun matériel, ni des radios (talkies-walkies), ni des armes, ni même une combinaison et un uniforme adaptés et dignes de ce nom. Regardez ! Je n'ai même pas de rangers pour pouvoir courir derrière un voleur et le neutraliser. Comment voulez-vous que les voyageurs me respectent ?», interroge-t-il. La peur au ventre, les deux agents qui accompagnent le contrôleur essayent d'éviter au maximum les problèmes. «Rien n'est sûr à bord de ce train. On risque notre vie chaque jour. Ce sont toutes les classes sociales qui empruntent ce moyen de transport. Des étudiants, des ouvriers, des pickpockets, des délinquants, des mendiants et des… tueurs», se plaint-il. Ali, le deuxième agent de sécurité, nous montre une cicatrice sur la main droite. «Je l'ai eue en 2001, un voyou ivre a cassé une bouteille et m'a frappé avec, car j'ai voulu lui demander de descendre au prochain arrêt, c'était juste pour ça !» raconte-t-il. C'était le jour où Omar 48 ans, marié et père de 7 enfants a juré de ne plus faire le justicier avec ce type de gens. «J'ai une famille moi et je ne risquerai pas ma vie...» justifie-t-il. Avec six voitures (wagons), le train exige plus de deux agents de sécurité. «C'est surtout le soir que les vrais problèmes commencent. Des individus montent dans le train et font régner la terreur. Ils embêtent les jeunes filles non accompagnées, ils fument, ils ouvrent les portières, ils chantent et font du vacarme, ils sont souvent sous l'effet de psychotropes et de drogues», souligne Omar. Son collègue explique qu'ils ne disposent même pas de radios pour appeler les services de sécurité en cas d'agression. «Si nous en avions, nous pourrions par exemple appeler la sûreté de la prochaine gare pour qu'ils soient sur place et arrêter les malfaiteurs. Mais malheureusement nous devons jouer les cow-boys avec eux tous seuls...».