Regard n Le football algérien est une industrie. Plus de 5 000 milliards de centimes y sont injectés, mais il n'existe pas un terrain gazonné où l'on peut faire quatre passes de suite… «La déroute du football algérien était prévisible au vu des moyens infrastructurels dont dispose l'Algérie. Pour 1 520 clubs, nous avons 1 192 stades, dont 48 seulement sont gazonnés et quel… gazon !» On ne peut trouver meilleur constat pour évoquer l'une des causes essentielles du malaise dans lequel se débat le sport en général et le football en particulier, que ce diagnostic amer signé Mohamed Raouraoua, l'ex-président de la FAF. Ce cri d'alarme nous pousse à essayer de comprendre pourquoi le football national s'est enlisé depuis de longues années dans une léthargie profonde qui n'a d'égale que les déconvenues à répétition des équipes (clubs et teams nationaux) engagées, sans gloire, dans les différentes joutes continentales. L'état lamentable des 48 terrains gazonnés en est une cause. Pourtant, les choses devaient être d'un tout autre acabit avec une industrie de football national qui brasse pratiquement plus de 5 000 milliards de centimes et des promesses des pouvoirs publics de redéfinir une stratégie porteuse pour le sport-roi avec comme toile de fond une infrastructure qui sera à la mesure des aspirations. Que fait le MJS censé veiller aux destinées d'un ballon qui, depuis des lustres, ne tourne plus rond ? La tenue en Algérie en 1990 de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) a incité les pouvoirs publics à répondre positivement aux exigences du cahier des charges qui impose aux pays organisateurs de disposer de terrains gazonnés homologués. Les pelouses du stade du 5-Juillet et du 19-Mai-56 sont refaites d'une manière impeccable. Le dispositif tactique de Kermali et cie avec un Madjer, l'homme de la fameuse talonnade, au sommet de son art, marche à merveille. Le 4-4-2 classique change sans grande peine en un 4-3-3 résolument offensif. La tactique fait des ravages. Sur une pelouse verdoyante, où il n'y avait pas le moindre «nid-de-poule», ni la moindre bosse, la balle va vite, très vite. Meilleure attaque, meilleure défense, grande possession de la balle, l'EN, de surcroît portée par tout un peuple, avait tout pour finir en apothéose. Une première dans les annales. Terminée l'euphorie, la pelouse du 5-Juillet, et les pelouses d'autres stades algériens rentrent dans une longue et interminable période de dormance. R.N.